Vague queer en Valais
Attendue en novembre 2020, la soirée QueerNotzet voit le jour une année plus tard au Port-Franc à Sion. Le 27 novembre, tous les chemins queer mèneront en Valais.
Le Valais, ce n’est pas que Verbier, Zermatt, Saas Fee et les people glamour qui s’encanaillent en fourrure. C’est surtout un des sept cantons romands, souvent montré du doigt pour ses penchants conservateurs et par conséquent réputé peu avenant pour les communautés LGBTIQ+. Pourtant, comme les récentes votations pour le mariage égalitaire en Suisse l’ont démontré, le canton favorable à 55% avance timidement, mais sûrement, vers une plus grande ouverture d’esprit. C’est une question de temps certes, mais pas seulement. Il s’agit surtout de booster la visibilité queer pour qu’elle se fonde dans le paysage. En Valais comme ailleurs.
Depuis sa nomination comme programmatrice au Port Franc de Sion, au printemps 2020, Nadia Mitic y travaille d’arrache-pied. Elle met toute son énergie à optimiser, améliorer et fluidifier les modestes ramifications pour en faire de véritables réseaux organisés. Actuellement, le Valais ne dispose d’aucun lieu public permettant aux personnes queer de se retrouver. «Le projet qui me tenait à cœur était de créer un espace ouvert, dans lequel chacun·e·x se sente libre d’être soi-même, j’ai alors approché l’association LGBTIQ+ valaisanne Alpagai. Il n’aura suffi que d’une séance de réflexion pour aboutir au projet de création d’un collectif», explique cette passionnée de musique et agente d’artistes qui rêve de faire bouger les lignes.
Composé de personnes venant de l’association, du Port Franc et d’autres structures, le collectif QueenMoustache est porté par le désir commun de se réunir dans un milieu sécurisé où la bienveillance est érigée en valeur absolue. À la question de la dynamique insufflée lors des séances de préparation, Nadia répond: «Les tâches se répartissent, les rôles se mélangent. Tout le monde dispose de sa place, de sa parole. Nous mélangeons les compétences et donnons la possibilité à chacun·e·x d’explorer ses propres envies.»
Être queer ou ne pas l’être? telle est la question
Mise en berne en même temps que le monde entier se confinait en 2020, la soirée QueerNotzet n’aura rien perdu pour attendre, et orchestrer sa toute première édition avec douze mois de retard. Le temps est enfin venu de ressortir les paillettes et de se retrouver pour la fête à Sion. Dérivé de carnotzet, il n’est pas étonnant que le nom de la soirée ait des consonances familières pour les Valaisan·ne·x·s: clin d’œil à ce fameux local aménagé typique du canton, généralement dans une cave, on se retrouve au carnotzet pour boire et jouer aux cartes entre ami·e·x·s. Sous l’impulsion queer du collectif, on ajoute ici la danse aux festivités.
À propos du terme anglais queer, Coco du collectif QueenMoustache rappelle qu’il s’agit d’un panel de diversités incluant «toutes les personnes qui ne rentrent pas dans la norme hétéro-cis. C’est un panel de diversités.» Une définition que vient compléter Lionel, également membre du collectif, ainsi que du comité d’Alpagai: «Il s’agit au départ d’une insulte, que nous nous sommes réappropriée. Il y une dimension politique à ne pas oublier.» Il termine sur une note légère en inventant un slogan pour la soirée: «C’est un alliage entre la convivialité valaisanne et l’identité queer!» Nadia précise qu’une charte a été établie pour définir les lignes conductrices des soirées, assurer un espace de liberté et un sentiment de sécurité aux personnes présentes: «QueerNotzet est une vitrine pour mettre en avant des artistes queer, une scène peu visible dans des lieux publics. Quoi de mieux que la musique pour se rassembler et se mélanger face aux barrières normées?»
Que tout le monde brille!
Cette soirée est symboliquement très importante pour le canton, comme le souligne Coco: «Cela encourage l’émergence du côté brut et alternatif des personnes queer, nous y amènerons la lumière suffisante pour que tout le monde brille. Il faut créer le contraste entre l’idéologie religieuse du canton et l’ouverture à la diversité des milieux queer. C’est une forme de revendication de notre liberté d’exister.» Ne plus se gêner et s’excuser d’être qui on est, cela semble un détail pour certains, mais pour d’autres cela veut dire beaucoup. Lionel lève les yeux vers l’horizon: «Il est temps que le Valais passe le pas pour permettre aux personnes queer d’avoir une alternative au fait de migrer vers des cantons urbains. C’est important d’organiser ce type de soirées partout.»
La première QueerNotzet voit enfin le jour. Impatience! Les artistes, pour la plupart suisses, se succéderont sur la scène du Port Franc pour une soirée qui s’annonce mémorable. Le public retrouvera notamment le fabuleux show de la GenderFuck party, réunissant Princesse GenderFuck, Klit Osiris et Apo Calypso. Les DJ sets fracassants de Shha Kuumba et La Patronne font également partie du programme. Enfin, Rouge Mary livrera un live qui promet d’être haut en couleurs. Choriste de Hercules & The Love Affair et connue pour ses collaborations avec Kiddy Smile, la Parisienne joue avec les normes de genres dans son show.
D’un point de vue purement pratique, notons qu’une navette gratuite assurera le transport entre la gare de Sion et la salle de concerts, avec la présence bienveillante d’anges spécialement mobilisé·e·x·s pour l’occasion.
Envie de donner un coup de main pour la soirée? Deviens bénévole! (infos sur le site)