«Construisons des ponts plutôt que des murs entre les gens»
Princesse GenderFuck est la créature qui a le don de rendre nos nuits fabuleuses. Bienvenue dans son univers de paillettes où la durabilité est reine.
Dimanche 13 juin, pendant que Lausanne se prépare à la grève féministe du lendemain, Princesse GenderFuck se prépare pour son show au Théâtre 2.21. Depuis ses débuts en octobre 2019, la fabuleuse créature se démarque dans une démarche de drag en harmonie avec le développement durable. Dans son sac, elle n’omet jamais de glisser son bol blanc rempli de paillettes… biodégradables! Le recyclage fait partie de son vocabulaire de showgirl: «J’ai récemment lancé un appel sur Instagram pour les besoins d’une tenue en jeans. En moins d’une semaine j’ai récupéré une douzaine de paires dans ma boîte à lait!»
Au-delà du simple drag, GenderFuck est un lieu d’expérimentation autour duquel gravitent de nombreux artistes queer. «Il est important pour moi qu’une queen locale collabore avec des talents locaux, déclare-t-elle. Klit Osiris, le DJ valaisan qui fait ma musique, vit à Londres, mais il vient souvent en Suisse. Quant à certains de mes visuels et mes projections murales, c’est Lara Défayes*, mon amie directrice artistique lausannoise qui s’en occupe.»
«Je vis le pouvoir de la tenue»
Pour ses tenues, Princesse GenderFuck peut compter sur l’immense talent de son amie Safia Semlali, diplômée du prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design de Londres. «C’est une collaboration émancipatrice. Avec elle, je vis le pouvoir de la tenue, se réjouit notre Princesse. Safia et moi avons de très nombreuses références. Grâce à nos qualités, nous parvenons par exemple à mélanger les chansons pop de Janet Jackson avec le style d’Alexander McQueen.»
Originaire de Québec, Princesse Genderfuck est arrivée à Lausanne en 2014. Son nom de drag est sa réponse positive aux oppressions qu’elle a subies plus jeune. «Je suis une personne que l’on peut qualifier de féminine et de maniérée, ce qui m’a valu beaucoup d’insultes, se souvient-elle. Je ne comprenais pas, je vis ma vérité. Plus tard, j’ai réalisé que je ne rentrais pas dans les normes. On m’appelait princesse. Plutôt que le subir comme une chose négative, j’ai décidé d’en faire un retournement de stigmate et de cesser d’avoir honte de qui je suis.»
Puisant la force de son drag dans la quête de positivité, son credo célèbre la diversité. Laissons-lui le mot de la fin, comme le songe d’une nuit d’été: «Accueillons nos différences et construisons des ponts plutôt que des murs entre les gens.» Amen.
* Lara Défayes est également une des initiatrices du projet pop et de la rubrique Vagin Pirate