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Ces clubs de sport LGBTIQ+ qui mettent les discriminations hors-jeu

Ces clubs de sport LGBTIQ+ qui mettent les discriminations hors-jeu

De l'école jusqu'à l'élite, l'homophobie et la transphobie diffusent encore leur poison dans le sport. Pour y répondre, des initiative communautaires voient le jour, notamment en Suisse, pour réconcilier les personnes LGBTIQ+ avec le sport.

Dans le monde du sport, on assiste à une petite révolution: de plus en plus de sportif·ve·x·s font leur coming-out gai, lesbien ou trans*. En Suisse, c’est le cas de Curdin Orlik, lutteur professionnel, qui a fait part au public de son homosexualité en mars 2020. Une prise de parole rare dans un milieu où il reste difficile de s’afficher comme membre de la communauté LGBTIQ+. Pour preuve, le faux coming-out d’Iker Casillas, footballeur espagnol, qui visait à se moquer des athlètes non hétéro. «J’espère que vous me respectez: je suis gay», avait-il annoncé sur Twitter le 9 octobre dernier, avant de supprimer son tweet. En réponse, Carles Puyol, un autre joueur, avait continué de jouer sur le registre de l’ironie: «Il est temps de raconter notre histoire, Iker.» Comme dans tout mouvement de prise de parole, des résistances se créent et elles peuvent avoir des conséquences délétères sur les personnes concernées, le sport ne fait pas exception. 

Au regard de cet environnement parfois hostile, la résistance s’organise. De nombreux clubs de sport LGBTIQ+ émergent, et la Suisse n’est pas en reste. Ceux-ci défendent l’accès au sport de publics qui peuvent se sentir entravés. «Le milieu du sport est souvent macho. Une association comme la nôtre permet d’ouvrir la voie à des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la société hétéronormée et binaire. C’est important pour nous d’avoir mis en place une alternative safe, où les personnes sont aussi peu que possible exposées aux jugements», explique Léonard, du club de natation H2O Genève. Son comparse, Marc-Antoine, membre de l’association depuis 22 ans, en sait quelque chose: «Plus jeune, j’ai eu un professeur de sport très dur et homophobe. Il m’a un jour dit: “tu bouges comme une danseuse”. J’étais mort d’inquiétude, car je savais déjà que j’étais gay, sans pouvoir le dire. Je n’ai plus osé bouger car je me disais que ça se voyait que j’étais efféminé. J’ai fini par me dire que le sport, ce n’était pas pour moi.» 

Mauvais souvenirs de vestiaires
Les associations communautaires s’accordent sur l’enjeu principal que constitue la sécurité de leurs membres. Le Geneva Bad’Ass, jeune club de badminton LGBTIQ+, prend pour exemple le problème épineux du vestiaire. Trois de ses membres expliquent: «Nombreuses sont les personnes qui évoquent ce moment en non-mixité comme une expérience traumatique où leur identité de genre ou leur orientation sexuelle est niée, voire carrément persécutée. Dans cet espace clos, le harcèlement a libre cours et détourne définitivement certaines personnes de toute infrastructure sportive.» Avec des conséquences psychologiques, mais aussi physiques, puisque l’activité sportive participe de la bonne santé des individus. 

Les membres du collectif genevois expliquent les causes de ces violences très répandues: «Dans la plupart des clubs et dans certains cours d’éducation physique, les individus sont séparés et hiérarchisés sur le critère du sexe, qu’on considère comme unique déterminant de la performance physique. Il y a une hégémonie de la masculinité, et les discriminations sexistes et de genre se voient d’une certaine façon légitimées pour des raisons de performance.» Une domination qui peut se retrouver dans les règlements implicites des clubs, selon Emmanuelle Anex, co-secrétaire générale de VoGay, association vaudoise de défense des droits LGBTIQ+, qui propose également des activités sportives: «Pour les personnes trans*, par exemple, l’accès au sport est entravé. Leur place dans ces espaces est challengée. Les clubs peuvent les refuser, quand elles n’y vivent pas des violences.»

Dans ce contexte étouffant pour les personnes échappant aux normes cis-hétéro, les espaces communautaires remplissent une fonction de sociabilité: «Au-delà du sport, des amitiés et de la camaraderie se créent», s’enthousiasme Marc-Antoine. Les Bad’Ass le rejoignent: «Notre club est une alternative aux bars, qui sont souvent les lieux de sociabilisation privilégiés de notre communauté.» Une manière de revaloriser à tous les niveaux la force du collectif.

À l’approche des Eurogames qui se tiendront à Berne en 2023 et dans un contexte mondial d’exclusion législative des femmes trans* des compétitions sportives, Bad’Ass tient le cap: «Nous souhaitons porter le message de l’inclusion. Chacun·e·x est libre de rejoindre la catégorie qu’iel souhaite. Les matchs s’organisent par niveaux et les niveaux sont comme nous, divers. Le réel vainqueur en fin de match, c’est le jeu!»

Quelques clubs de sport LGBTIQ+ en Suisse romande: H2O Genève et Aquarius Lausanne (natation), Geneva Frontrunners (course à pied), Geneva Bad’Ass (badminton), Lausanne Rolling Furies (roller derby), AbFab Lausanne (volley).