Radiographie des LGBTIQ+ suisses
Le Panel Suisse LGBTIQ+ a publié cette semaine sa deuxième édition. Elle incorpore des réponses sur la votation du 9 février, l'école et sur la pandémie, récoltées auprès de 1792 personnes.
Quelle est la situation des personnes lesbiennes, gay, bi, trans, intersexes, queer et alliées en Suisse en 2020? C’est l’ambition du Panel Suisse LGBTIQ+, lancé l’an dernier par deux chercheuses des universités de Lausanne et de Zurich, Léïla Eisner et Tabea Hässler. Elles ont présenté cette semaine le deuxième volet de ce travail, portant sur les questionnaires remplis spontanément par 1792 internautes (dont un large 30% de Romand·e·x·s).
L’étude 2020 confirme le fossé entre minorités sexuelle et de genre observé dans l’enquête de 2019, notamment sur le bien-être et les discriminations – beaucoup plus fortes au sein des minorités de genre. Chez ces dernières, 16% déclarent avoir été agressé·e·x·s physiquement au cours des douze derniers mois, contre 8% chez les membres des minorités sexuelles.
À l’école et de l’université, le niveau de soutien perçu est relativement bas pour les personnes trans*: respectivement à 3,1 et 3,4 sur une échelle de 7, quand les lesbiennes, gays et bi placent le curseur à 3,5 et 4,3.
À l’école
L’enquête 2020 a ajouté une question sur la discussion des thématiques LGBTIQ au cours de la scolarité. Elle illustre le chemin parcouru au cours de la dernière génération, mais aussi celui qu’il reste à faire. Ainsi 80% des plus de 40 ans ne se souviennent pas d’avoir entendu aborder ces sujets en classe. Or la proportion est encore de 50% chez les moins de 21 ans, qui ont fini leur scolarité obligatoire au cours de la dernière décennie! Dans cette tranche d’âge, iels ne sont que 16% à avoir entendu parler d’identité de genre à l’école.
À propos du milieu scolaire, les auteures concluent que les personnes LGBTIQ+ y semblent «particulièrement vulnérables»: «Plus d’inclusion, de visibilité et de soutien de la part des enseignant·e·x·s et des élèves s’avèrent nécessaires.»
Un 9 février qui déçoit en bien
Le Panel 2020 a aussi réagi à l’actualité politique, à commencer par la votation sur la loi antidiscrimination du 9 février. Les répondant·e·x·s sondé·e·x·s avant le scrutin ont sous-estimé le résultat. Au lieu d’un modeste 55% de «oui» pronostiqué, ce sont 63% des Suisses qui ont accepté le texte.
L’enquête met en évidence le large engagement de la communauté LGBTIQ+ lors de la campagne: plus de 80% ont parlé du vote à des personnes hétérosexuelles, près de 60% ont posté leur soutien sur les réseaux sociaux et 50% ont même hissé le drapeau arc-en-ciel. Pourtant exclues du projet de loi, les personnes trans ont participé sensiblement autant à cet effort collectif.
Premiers échos de la pandémie
Par ailleurs, l’apparition du Covid-19 en cours d’enquête a poussé les auteures à demander comment la pandémie affectait le bien-être des différentes communautés. L’impact est négatif pour 63% des minorités sexuelles et 55% pour les minorités de genre, contre 67% chez les répondant·e·s hétérosexuel·le·s cisgenres.
La question avait toutefois été posée dès mars 2020, avant l’imposition du semi-confinement. Il sera donc intéressant de voir en 2021 comment cette période a été vécue par les différentes populations. Autre défi que souhaitent relever les auteures du Panel dans une Suisse multiculturelle: ajouter une variable concernant les origines des répondant·e·x·s. Le rendez-vous est pris pour la mi-janvier, et le lancement du troisième volet de l’étude.