L’âge est-il d’or ou de pierre?
L’actualité LGBT internationale regardée par le trou de la serrure. Ce mois-ci entre jeunisme à tous crins et coup de vieux: l’âge.
Déniaisement
La Haute Cour de Hong Kong a jugé discriminatoire une loi du territoire qui fixe à 16 ans l’âge du consentement pour les hétérosexuels et à 21 celui pour les homosexuels. «Le juge a estimé que les clauses (de la loi) sont discriminatoires et violent la Loi fondamentale (n.d.l.r. Constitution qui régit l’ancienne colonie britannique)», a déclaré à la mi-janvier l’avocat Michael Vidler, représentant William Roy Leung. Ce dernier, âgé de 20 ans, avait lancé un recours l’an dernier contre cette loi sur le consentement sexuel. «La Cour dit au gouvernement que sa loi est inconstitutionnelle. Nous sommes très heureux de cette décision. Nous nous disons “du monde” mais nous sommes apparemment en retard sur ces questions», a ajouté l’avocat. Le gouvernement local de Hong Kong prévoit de faire adopter une loi interdisant la discrimination contre les gays et les lesbiennes. La nouvelle législation est cependant contestée par des groupes religieux. Le mois dernier, des chrétiens avaient publié dans les journaux locaux une pétition signée par 1’500 personnes appelant le gouvernement à renoncer à son projet.
Agisme contre jeunisme
La retraite gay est à inventer. En effet, avec le vieillissement des baby boomers, l’Occident connaîtra bientôt sa première génération de retraités ouvertement gay (ce qui ne serait pas le cas chez les lesbiennes). Au Québec, où les associations ont empoigné le sujet, il n’y a présentement pas de structure d’accueil, pas d’organisation sociale adaptée aux gays âgés. Le système de santé et de services sociaux n’est pas conçu pour accueillir des homosexuels aînés et le personnel n’est pas préparé à ça. Retour au placard dans les EMS ou résidences pour homos? Le mariage gay en vigueur au Canada (toutefois mis en péril par le gouvernement fraîchement élu en janvier) changera-t-il la donne? Il n’y a pas de modèle unique de vieillissement, mais malgré les cas encore rares d’homoparentalité le réseau familial est moindre chez les homos. De fait, les risques de solitude et d’isolement seraient plus grands. La valorisation de la jeunesse dans la communauté LGBT est bien connue. Le rejet pend au nez des quadragénaires, considérés comme des reliques.
A cette gérontophobie intestine s’ajoutent les valeurs chrétiennes et familiales, particulièrement fortes chez les gens âgés.
Le sillon des ans
Ce printemps, la marque de cosmétiques Biotherm (branche du groupe L’Oréal) lancera sur le marché international la première crème de nuit anti-ride destinée exclusivement aux hommes. Il s’agit d’une première dans le genre (c’est le cas de le dire) qui ravira le public-cible gay au vu de la campagne de publicité qui s’annonce musclée, mais avec retenue. A ce jour, connaissant le penchant naturel des gays pour le culte de la jeunesse et du corps parfait, on ignore si les amours nocturnes de ces messieurs se feront le visage gras.
Apprendre à lire
Aux USA, un magazine a vu le jour au printemps dernier: «Young Gay America» (YGA). Comme son nom l’indique, il cible les (très) jeunes LesBiGays. Les lectrices et lecteurs, de 14 à 25 ans s’y retrouvent à travers des thèmes déclinés à partir de leurs propres interrogations postées via le site de YGA. Homophobie à l’école, coming out, sexualité et spiritualité, tout est passé en revue sur fond de couleurs pimpantes auréolées de paillettes, dans un grand galimatias de collages. Sans oublier les marronniers que sont les rubriques Mode et Musique. Le numéro de janvier faisait la part belle à la sexualité et à la virginité. Le prochain numéro de YGA (février) peut être commandé sur le Net, on vous laisse découvrir le sujet principal…
www.younggayamerica.com
Homophobie au berceau
Une étude, dirigée par le Dr Emma Renold, de l’Université de Cardiff, au Pays de Galles, a été réalisée dans les écoles de Grande-Bretagne. Les observations révèlent que l’homophobie y est latente, voire couramment exprimée en des termes très clairs. Ainsi les garçons dès l’âge de neuf ans emploient des insultes homophobes afin d’affirmer leur masculinité, traitant volontiers leurs camarades du même sexe de «gay» ou de «fille». La distinction entre l’orientation sexuelle et le genre reste une notion inconnue des enfants de cet âge. Rien de nouveau sous le soleil pour tous les homos et lesbiennes ayant suivi la scolarité obligatoire et auxquels cette information doit rappeler les souvenirs les plus «doux». Le rapport du Dr Renold insiste sur le fait que des cours d’éducation sexuelle intégrant le chapitre de l’homosexualité devraient être dispensé dès les premières années de scolarité.