Israël veut redorer son image avec des «ambassadeurs» gay
Un ministère a lancé un appel à des volontaires désireux de vanter l'«oasis de diversité» israélienne à travers le monde. Un enjeu que Jérusalem semble prendre très au sérieux.
Lorsqu’il s’agit de défendre son image à l’étranger, l’Etat hébreu ne recule devant rien. Selon une dépêche de l’Associated Press, le ministère de la Diplomatie publique et des Affaires de la diaspora a mis en place une opération visant à recruter des «ambassadeurs» au sein de la communauté gay et lesbienne. Ces dernières années, des moyens importants ont déjà été mis en oeuvre pour promouvoir Tel Aviv en tant que destination gay-friendly, relayée par les médias LGBT européens et américains. L’initiative du gouvernement, dont les modalités ne sont pas connues, semble aller plus loin que la cible touristique. Alors que les révolutions démocratiques dans les pays arabes voisins laissent planer la menace d’une détérioration supplémentaire des conditions de vie des minorités sexuelles, il est attendu des émissaires d’Israël qu’ils s’expriment à travers le monde sur le caractère gay-friendly du pays tout entier – une «oasis de diversité». Même si en dehors de la métropole côtière, la situation est moins reluisante. Des partis religieux (dont certains, au gouvernement) entretiennent une atmosphère homophobes dans d’autres parties du pays, à commencer par la capitale Jérusalem.
Depuis quelques mois, la question proche-orientale a surgi de manière inattendue sur la scène LGBT. Dernier exemple en date, celui du festival parisien Cineffable, attaqué en raison du déplacement d’une réalisatrice, financé par l’Ambassade d’Israël en France. Aux Etats-Unis, une polémique à couteaux tirés s’est engagée sur le boycott d’Israël au sein du milieu LGBT, opposant notamment le prince du porno Michael Lucas et la sociologue Judith Butler. Lors du dernier CSD de Berlin, l’Office du tourisme de Tel Aviv, invitée d’honneur de l’événement, s’était résolu à escamoter le drapeau israélien de son stand, provoquant l’indignation au pays.
Manipulation
Certaines tentatives d’Israël pour redorer son blason ont, de fait, tourné au fiasco. En juin dernier, pendant les préparatifs de la deuxième flottille (avortée) pour Gaza, la vidéo d’un prétendu militant pro-palestinien avait circulé sur le Net. L’homme racontait avoir été expulsé de cette action en raison de son homosexualité, dénonçant l’emprise du mouvement islamique Hamas. La séquence s’était révélée bidon: elle aurait été réalisée avec la complicité du Bureau du premier ministre israélien. Un an plus tôt, une délégation israélienne avait été jugée indésirable à la gay pride de Madrid, peu après l’arraisonnement sanglant de la première Flottille.