Lausanne

Festival 30 ans de Lilith

ven 25 octobre - sam 26 octobre
Lausanne

Bordello Foam

mer 31 juillet, 22:00
Genève

Starlight vol.9

ven 2 août, 23:59
Lausanne

Dragx Fest vol.2

jeu 1 août, 14:00

Ça balance pas mal à l’Eurovision

Le concours aura lieu cette semaine en Azerbaïdjan. Ce pays peu démocratique suscite la polémique. Ce n’est pas le premier scandale qui agite un rendez-vous kitsch devenu culte.

C’est à Bakou, en Azerbaïdjan, que se déroulera l’Eurovision. Mais voilà, la musique n’adoucit pas forcément les mœurs puisque l’Arménie n’y participera pas. En conflit avec l’ancienne république soviétique, elle revendique toujours le territoire du Haut-Karabakh. Du coup, la télévision arménienne a indiqué le retrait de son groupe de rock. Ailleurs, beaucoup pensent que l’Azerbaïdjan, avec son régime corrompu et autoritaire, n’est vraiment pas le lieu idéal pour de telles festivités. Même si le pays a lancé une gigantesque campagne de pub, financée à grands renforts de pétrodollars, à l’échelle du continent.

Dans un autre registre, celui du racisme, Youri Sirotyuk, du parti nationaliste Svoboda – la droite dure en Ukraine –, a récemment protesté contre la décision de sélectionner la chanteuse Gaitana. L’homme politique ne comprenait pas qu’une chanteuse métisse, née d’un père congolais, puisse représenter les Ukrainiens à l’Eurovision.

Vitrine politique
Bref, comme le souligne le Courrier International du 20 avril, l’Eurovision, à l’image des Jeux Olympiques, a toujours permis de faire passer des messages politiques. Par deux fois (1977 et 2005), des pays arabes ont voulu participer à la compétition avant de se retirer en raison de la présence du candidat israélien. En 2009, ce sont les artistes géorgiens qui ont été interdits de scène par les Russes. Leur chanson comportait un jeu de mot sur Vladimir Poutine qui, visiblement, manque d’humour.

Malgré ces controverses, des millions de personnes désignent, chaque année au joli mois de mai, leur candidat préféré. Historiquement, les points étaient décernés par des jurys nationaux, désormais ce sont les téléspectateurs qui décident. L’objectif officieux de ce remaniement étant de limiter les solidarités ou les inimitiés géopolitiques qui ravalaient les valeurs musicales aux oubliettes. Sauf que la Lettonie vote pour la Lituanie, l’Espagne pour la Roumanie alors que la Turquie ne donne aucune voix à la Grèce et ainsi de suite. Plus finaudes, certaines contrées restent en retrait. Car, en cas de victoire, ce serait à elles d’organiser l’événement. Pas un cadeau en période de crise, sachant que ce genre de plaisanterie coûte plusieurs millions d’euros.

Première helvétique
Le comble du ringard a été inventé en 1955 à Monaco dans le but de tisser des liens entre des anciens pays rivaux. Et c’est l’année suivante à Lugano que la première édition de l’Eurovision s’est déroulée avec la France, l’Allemagne de l’ouest, l’Italie, le Luxembourg les Pays Bas, la Belgique et la Suisse. Les fans de l’époque retiendront que c’est l’Argovienne Lys Assia qui remporta la finale.

Depuis, une quarantaine de pays jouent le jeu au grand dam des chantres de l’élégance. On se souvient de cette pauvre Marie Myriam dans sa robe orange Casimir. On garde en mémoire Lordi, un groupe de heavy metal finlandais, dont les membres étaient déguisés en monstres, ou du représentant de l’Irlande, accompagné de sa marionnette: Dustin, la dinde. Face à des artistes psychopathes ou à l’écoute de chansons improbables, plusieurs présentateurs, de Michel Drucker à Julien Lepers, ont risqué de s’étouffer en direct. Le 26 mai sur France 3, Mireille Dumas et Cyril Féraud pourraient ainsi passer de vie à trépas. Mais bon, sans l’Eurovision Céline Dion, Abba ou Julio Iglesias n’auraient peut-être jamais connu ni la gloire ni la chirurgie esthétique.

Gay friendly
Dans de nombreux pays, l’Eurovision est un rendez-vous populaire et fédérateur exempt d’a priori négatif. La victoire en 1998 du transsexuel israélien Dana International en est un exemple marquant. Mais c’est aussi, selon Philippe Le Guern, sociologue de la culture et des médias à l’Université d’Avignon, un excellent outil de reconnaissance pour des minorités sexuelles. D’où un concours dont les références sont de plus en plus queer. De kitsch, l’Eurovision est donc devenue cultissime, grâce notamment aux gays qui ont un sens du deuxième degré plutôt développé. N’en déplaise aux élites culturelles qui préfèrent ironiser sur la question des goûts et des couleurs, scintillantes ou pas.

Demi-finales mardi et jeudi sur RTS Deux; finale samedi sur RTS Deux et France 3