Prison pour l’étudiant qui avait outé Tyler Clementi par webcam
Accusé d'avoir indirectement causé la mort de l'étudiant gay, Dharun Ravi s’est vu infliger une peine moins lourde que prévu: 30 jours.
C’est à un mois d’emprisonnement que Dharun Ravi a finalement été condamné lundi, après avoir été jugé coupable de violation de la vie privée et d’intimidation motivée par un préjugé («bias intimidation») sur la personne de Tyler Clementi. Avant de prononcer la peine, le juge a accablé le jeune homme qui retenait ses larmes. Le magistrat a souligné que durant son procès, Ravi ne s’était «pas excusé une seule fois». Il a souligné que si le jeune Indien ne haïssait sans doute pas Tyler Clementi, et il n’avait aucune raison pour cela, il avait toutefois agi «avec une insensibilité colossale». Le juge a précisé qu’il ne recommandait pas son expulsion du territoire américain, où le jeune homme a vécu presque toute sa vie.
Ces dernières semaines, les défenseurs de la cause LGBT avaient mis en garde contre la tentation d’infliger une punition «exemplaire» de Ravi. Parmi eux, Dan Savage, l’un des initiateurs de la campagne «It Gets Better». Selon lui, Ravi ne devait pas payer pour une homophobie présente dans l’ensemble la société américaine. «Qu’est-ce que [Tyler Clementi] a entendu de ses pasteurs, des médias, de la culture, alors qu’il grandissait en tant que gay? Ravi est sans doute la dernière personne à cause de laquelle il s’est senti vulnérable, abusé et rabaissé, mais il n’est certainement pas la première. On s’empresse de mettre toute la responsabilité sur son dos et ensuite on s’en laverait les mains? Cela voudrait dire que l’on a rien appris de ces gamins.»
Un drame au retentissement mondial
En septembre 2010, Dharun Ravi avait espionné son camarade de chambre avec une webcam et avait diffusé sur le Net les images de la rencontre du jeune étudiant gay avec un autre homme. Clementi s’était suicidé peu après. Le drame du campus de l’université de Rutgers avait connu un fort retentissement, plaçant la question du harcèlement homophobe et du suicide des jeunes gay à la une des journaux. Ravi, un ressortissant indien aujourd’hui âgé de 20 ans, risquait jusqu’à 10 ans de prison.