Iconique Katy O’Brian
L'icône lesbienne du cinéma, c'est Kristen Stewart. Mais la belle et incroyablement puissante inconnue avec qui elle partage l'affiche de Love Lies Bleeding lui vole presque la vedette. À l'occasion de la sortie en Suisse romande du film-événement, on a rencontré Katy O'Brian par écrans interposés.
Katy O’Brian n’a que 35 ans mais elle a déjà plusieurs carrières derrière elle: bodybuildeuse, artiste martiale, personal trainer, policière… Et une ribambelle de seconds rôles dans des séries télévisées américaines de super-héros et de science-fiction. Quelques blockbusters également, comme le film catastrophe Twisters, actuellement à l’affiche. Avec Love Lies Bleeding, elle signe une entrée fracassante, tout en muscles, dans le cinéma d’autrice. On espère l’y revoir bientôt, et si possible dans un rôle lesbien.
Katy, tu sembles être faite pour le rôle de Jackie, la jeune bodybuildeuse bisexuelle que tu incarnes dans Love Lies Bleeding. Pourtant le projet a démarré de manière assez frustrante pour toi. Tu as dû répéter plusieurs fois les mêmes scènes avant d’obtenir le rôle. Que s’est-il passé?
J’ai d’abord tourné et envoyé une self-tape, comme c’est d’usage pour les castings. Puis j’ai eu un appel de Rose [Glass, la réalisatrice du film, NDLR]. C’est toujours bon signe. On m’a proposé de faire des essais et l’alchimie avec Kristen était vraiment bonne. Mais par la suite, l’équipe de casting n’a cessé de me rappeler pour tourner la même scène. J’ai fini par leur dire que «si je n'[étais] pas la bonne personne pour ce projet, il valait mieux chercher quelqu’un d’autre, parce que je ne [voulais] pas forcer les choses». Ils voulaient probablement une actrice plus célèbre, qui avait déjà un nom, pour pouvoir obtenir plus de financements pour le film. Mais je crois que Rose tenait à ce que ce soit moi. Ce n’était donc qu’une question de timing puisque j’ai fini par être engagée. (Rires)
Comment s’est passé le tournage avec Kristen Stewart? Je pense notamment aux nombreuses scènes de sexe du film. Y avait-il la même alchimie entre vous que durant les essais?
Oui, cette alchimie était là. Toutes les scènes intimes qui ont lieu dans l’appartement de Lou [ndlr: le personnage de Kristen Stewart] ont d’ailleurs été tournées en premier. Nous avons travaillé avec une coordinatrice d’intimité, ce qui est encore assez nouveau. Elle faisait le relais entre nous, ce qui a permis à chacune de poser ses limites dès le début. Rose nous a d’ailleurs dit que si certaines choses nous mettaient mal à l’aise lors des scènes de sexe, on pouvait faire l’impasse dessus. Mais ça n’a pas été nécessaire. Kristen et moi pensions toutes deux que ces scènes étaient si importantes pour l’histoire chaotique que raconte Love Lies Bleeding que nous avons fait de notre mieux pour que tout se passe bien et avec goût. On a donc dû se rapprocher rapidement. (rires) C’était vraiment un bel effort commun. Et pour moi qui arrivait sur le plateau avec moins d’expérience, c’était vraiment cool de me sentir quand même sur un pied d’égalité avec Kristen. Elle a aussi tenu compte de mes idées durant les prises, j’ai trouvé ça sympa de sa part, et rafraîchissant.
Tu as par ailleurs dû te soumettre à un entraînement intense pendant le tournage…
Le bodybuilding, c’est avant tout une histoire de perte de poids. Et quand on perd de la graisse, on perd aussi du muscle. Il s’agissait donc de trouver un équilibre pour obtenir la silhouette de mon personnage. Et oui, dans la vie de tous les jours, je n’ai pas le même corps que dans le film. J’ai un pourcentage sain de graisse dans mon corps. (rires) Pendant le tournage du film, je m’entraînais trois heures par jour, six fois par semaine. Au programme: de la muscu, du running et du travail sur mes poses, de manière à ce que mes muscles ressortent bien. C’était beaucoup de travail. Heureusement pour moi il y avait quelqu’un pour préparer mes repas sur le tournage. C’était délicieux et très pratique, sinon cela m’aurait demandé un temps fou de m’en occuper, de peser chaque aliment… L’alimentation, c’est une véritable science.
Le bodybuilding joue-t-il toujours un rôle dans ta vie?
J’ai perdu le goût de la compétition. Tu fais un travail énorme et tu perds des points parce que le bikini que tu portes n’est pas assez joli. Ou alors tu te retrouves face à des bodybuildereuses qui prennent des stéroïdes – je ne peux pas rivaliser avec ça. Par contre je continue d’aimer la muscu, c’est tout simplement bon pour mon corps et ma santé mentale.
Est-ce que tu aurais aimé voir un film comme Love Lies Bleeding au cinéma quand tu étais ado?
Oui, cela m’aurait permis de savoir beaucoup plus tôt que j’étais gay. Mais bon, l’intrigue n’est pas un super exemple en termes de relations amoureuses saines. (Rires) Ce qui ne m’empêche pas d’être très reconnaissante qu’il y ait des films comme Love Lies Bleeding, Bottoms et D.E.B.S. – des films où le fait que les personnages sont queer n’est pas le cœur de l’intrigue.
Amour, stéroïdes et flingues
1989, quelque part aux États-Unis. Lou (Kristen Stewart), gérante d’une salle de sport perdue, tombe passionnément amoureuse de Jackie (Katy O’Brian), une bodybuildeuse ambitieuse. Au contact de la famille toxique de Lou, sur fond de stéroïdes et d’armes, leur amour les entraîne dans une spirale de violence.
Love Lies Bleeding, de Rose Glass (États-Unis, 1h44), avec Kristen Stewart, Katy O’Brian, Jena Malone, Dave Franco. Dès ce mercredi 17 juillet dans les salles de Suisse romande.