Pas si décoiffant, le soutien papal aux unions civiles…
Dans un documentaire présenté hier, le pape François défend la légitimité des contrats de partenariats pour les couples de même sexe. Mais ce n'est pas forcément le plus important.
«Les personnes homosexuelles ont le droit d’être en famille. Ce sont des enfants de Dieu.» La citation émane du pape François, qui la prononce dans le documentaire «Francesco», consacré à ses sept années de pontificat. Dans le film, dévoilé hier dans un festival de cinéma de Rome, le pape défend avec conviction le modèle des unions civiles pour les couples de même sexe, afin que ces derniers soient «couverts légalement». La séquence intervient après que François a répondu à un père de famille italien qui lui avait écrit pour savoir s’il devait aller à l’église avec son compagnon et leurs trois enfants.
Le soutien du pape aux unions civiles, partenariats et autres pacs a fait les gros titres, hier, et fait crépiter les réseaux sociaux. «Révolutionnaire», selon la militante queer transalpine Cathy La Torre; “des paroles très importantes et pleines d’espoir”, pour le politicien polonais Robert Biedrón; une annonce «majeure», a tweeté pour sa part le journaliste français Frédéric Martel, auteur du retentissant «Sodoma». La citation papale a également fait bondir le clergé ultraconservateur. L’archevêque italien Carlo Maria Viganò, ancien ambassadeur du Vatican aux USA, a condamné «celui qui devrait être à la barre de la barque de Pierre, mais a choisi de s’aligner avec l’Ennemi afin de la couler.»
Pas très neuf
Toutefois les déclarations du pape François ne sont pas si nouvelles. Il semble que le réalisateur Evgeny Afineevsk ait recueilli ces propos avant l’instauration des unions civiles en Italie, en 2017. La même année, François avait laissé entendre qu’il y était favorable dans une interview, ainsi que dans un autre entretien, trois ans plus tôt. Alors qu’il était encore archevêque de Buenos Aires, il avait aussi publiquement affirmé son soutien à un contrat civil de partenariat entre personnes de même sexe… afin d’éviter – en vain – une ouverture du mariage à tous les couples. D’ailleurs, tout semble indiquer que la position du pape sur ce dernier point n’a pas changé: l’institution doit être réservée aux couples hétérosexuels.
Bref, il n’y a pas de quoi bouleverser le dogme catholique, ni faire vaciller sur son piédestal la sacro-sainte «famille traditionnelle». Toutefois, pour Michael McGough, éditiorialiste du «L.A. Times», les propos de François suggèrent un pas supplémentaire dans la reconnaissance des parcours de vie gay et lesbiens: un «droit d’être en famille» qui devrait retentir dans les puissantes institutions sociales et éducatives catholiques, outre-Atlantique: ce «message de tolérance devrait décourager la discrimination contre les gays et lesbiennes par l’Église et l’État.»