Des outils pour agir face à la détresse psychique
Dialogai dispensera le mois prochain une formation pionnière de «premiers secours en santé mentale» adaptée au public LGBTIQ+. Elle affiche déjà complet.
Dans les gestes qui sauvent, il y a le massage cardiaque, la respiration artificielle, la position latérale… Mais quand la souffrance est psychique, on fait quoi? Pour répondre à ces détresses communes, mais pas moins désarmantes, une formation de premiers secours en santé mentale a été créée il y a quelques années en Australie. Baptisé «ensa», cet ensemble de quatre modules de trois heures explore les troubles psychiques les plus courants (dépression, troubles anxieux, psychose et addiction), les états de crise et les attitudes à adopter. Il donne aussi des outils pour combattre la stigmatisation.
En Suisse, où ensa est promue par la fondation Pro Mente Sana, cette formation est désormais proposé au public LGBTIQ+. À Genève, Dialogai la dispensera à une toute première volée de seize personnes travaillant dans la communauté ou appartenant à l’entourage de personnes LGBTIQ+. Le fait que la formation ait rapidement affiché complet réjouit Abdurahman Mah, chargé de projet en santé communautaire et instructeur ensa. «Clairement, il y a de la demande, note-t-il. Pour nous cet intérêt montre en miroir les réalités vécues par les personnes LGBTIQ+.»
Prévalence
Dialogai a adapté le canevas des cours ensa partout où les vignettes et récits biographique à étudier étaient teintées d’hétéronormativité, et de manière à y inclure des personnes non cisgenres. Les contenus ont aussi été enrichis de données qui existent pour la communauté LGBTIQ+, par exemple issues des enquêtes Santé gaie et de Promotion Santé Suisse. «On sait notamment que les dépressions et les troubles anxieux ont une forte prévalence chez les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ndlr.) et les FSF (femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes, ndlr.)», rappelle Abdurahman.
«Il ne s’agit pas de prendre la place de professionnel·le·s de la santé, mais plutôt de savoir à quoi être attentif pour cette communauté-ci»
Face à une personne en détresse, pas question de poser des diagnostics, précise l’intervenant: «Il ne s’agit pas de prendre la place de professionnel·le·s de la santé, mais plutôt de savoir à quoi être attentif pour cette communauté-ci, dans le contexte Suisse, comment apporter la bonne aide, les bons outils, orienter… Ce qui implique également de bien connaître le réseau de santé local.» La formation ensa aborde aussi une difficulté spécifique aux soins psychiques, à savoir «respecter le désir d’une personne de ne pas vouloir d’aide».
Fort du succès de cette première formation, Abdurahman espère que le projet fera tâche d’huile. Sous réserve des incertitudes liées à la Covid, un deuxième cours sera sans doute mis sur pied au début 2021. Avec toujours le même objectif: «Donner une légitimité aux personnes, leur disant qu’il n’y a pas de mal à agir et que chacun·e peut le faire.»