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Occupe-toi de ton cul!

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La proctologue genevoise Astrid Zawodnik partage quelques conseils destinés aux hommes gay et bi, trop souvent réticents à faire examiner leur anus.

«Une personne qui a un vagin va régulièrement faire un bilan chez un gynécologue. Cela devrait être la même chose lorsque l’on a une sexualité anale.» C’est ainsi que la Docteure Astrid Zawodnik, proctologue à Genève, inaugure notre entretien. Il existe pourtant peu de personnes concernées qui ritualisent ces consultations, à moins d’y avoir été invitées par un autre professionnel de santé – souvent pour faire traiter des hémorroïdes, fissures ou condylomes. Est-ce par manque d’information, d’orientation ou par peur d’un examen à la fois intime et douloureux? Dre Zawodnik est l’une des proctologues de confiance vers qui Checkpoint Genève envoie ses patients. Elle nous donne quelques pistes pour bien s’occuper de son cul.

Chez le proctologue: un examen peu agréable mais non douloureux

La première étape pour se préparer à cette consultation est d’en connaître les modalités. La consultation commence par un court entretien destiné à identifier les éventuels symptômes cliniques et douleurs. C’est parfois l’occasion de parler de sexualité, de pratiques et de prises de risques pour calibrer l’examen.

Effectué en position gynécologique, il démarre par une observation visuelle de l’anus et éventuellement des organes génitaux. Une insertion digitale, puis à l’aide d’un anuscope (à peine plus gros qu’un doigt) permet de localiser d’éventuelles lésions. Le médecin effectue par la suite un frottis identique au frottis gynécologique à l’aide d’une petite brosse pour récupérer quelques cellules et les envoyer en laboratoire pour dépistage et classification de risque des HPV. Cette intervention ne demande aucune préparation, contrairement à une coloscopie, et le lavement préalable est déconseillé.

S’il n’y a pas de symptôme supplémentaire, l’examen s’arrête là. Sans être particulièrement agréable, il n’est pas douloureux. En cas de lésion détectée, une petite caméra haute résolution sera insérée pour grossir 10 à 20 fois l’image. De petites biopsies pourront être réalisées si le médecin l’estime nécessaire. La fréquence de consultation dépendra ensuite des résultats et des conclusions de l’entretien.

Aux origines de la douleur…

Il existe une règle de base, que rappelle Dre Zawodnik: «Une relation sexuelle ne doit jamais faire mal. Avec une lubrification et une préparation progressive (et évidemment du consentement), il ne devrait pas y avoir de douleurs.» La douleur persistante ou des saignements peuvent être le signe d’hémorroïdes, fissures ou condylomes, qui demanderont chacun une prise en charge particulière. En présence de symptômes, le premier réflexe doit toujours être une douche à l’eau et sans savon.

Pour les hémorroïdes et les fissures (qui présentent généralement une faible urgence), un traitement conservateur et l’application d’une crème permet dans une majorité des cas de cicatriser la plaie. Une petite chirurgie est parfois nécessaire si les choses ne se règlent pas d’elles-mêmes. Avec évidemment une période d’abstinence le temps de la cicatrisation.

Pour les condylomes, le traitement dépendra de leur nombre, forme et taille. Chirurgie sous anesthésie locale, brûlure à l’infrarouge ou application localisée de crème sur un trimestre (avec les possibilités de récidives) apporteront une réponse à ces verrues anales.

L’art des ablutions

Les lavements restent optionnels et seulement une préférence de la personne et de ses partenaires. Un soin particulier doit être apporté à cette pratique qui vient exposer des muqueuses. Elle doit être faite de manière la moins invasive possible. Il est essentiel d’utiliser de l’eau et uniquement de l’eau et d’employer un petit tuyau propre et lubrifié. Il faut également veiller à utiliser une quantité d’eau raisonnable (200-250 ml) qu’une poire à lavement peut permettre de doser.

Enfin, il faut éviter toute obstruction ou affection du système digestif préalablement à un rapport. Pas d’insertion d’objet qui pourrait s’avérer difficile récupérer et pas de lopéramide (Imodium), puisque la digestion n’a pas lieu d’être artificiellement ralentie.

En matière de prévention, il est temps que la sexualité anale sorte des tabous. La consultation de proctologie doit ainsi faire partie d’un parcours de soin naturel. Il est crucial de s’occuper de son anus pour qu’il continue à pouvoir être une source de plaisir tout en continuant à remplir ses autres fonctions naturelles.

Proctologue, une formation en Suisse qui laisse à désirer

Aussi surprenant que cela puisse être, il n’existe pas de spécialité en proctologie dans la formation médicale en Suisse. «J’ai effectué une spécialité en chirurgie et j’ai ensuite bifurqué vers la proctologie par la pratique», indique Dre Zawodnik, qui suit régulièrement des conférences dans des pays anglo-saxons pour rester au contact des avancées de la recherche.

La sexualité est très peu abordée pendant la formation des médecins à moins d’effectuer une spécialité en sexologie. Certains modules de formation continue existent pour les professionnel·le·x·s qui en expriment l’intérêt. On peut regretter que la sexualité anale soit donc un grand absent des études médicales, alors qu’elle concerne 30% de la population selon diverses études.

Le sujet de la sexualité s’invite plus ou moins naturellement dans les entretiens mais le médecin a trouvé un équilibre naturel avec l’expérience. «Si le patient est envoyé par le Checkpoint, cela donne déjà une indication. Parfois les patients ont des demandes très directes et spécifiques que l’on aborde sans jugement.»