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Ils aiment se faire plaquer

Tous les deux ans, l’Union Cup rassemble les clubs de rugby gay de toute l’Europe. L’édition 2013 s’est tenue à Bristol au mois de mai. Au programme: bears, bières et gros placages. Reportage.

Debout sur le bord du terrain, un groupe de bears enchaîne les bières dans des pintes en plastique. Un soleil rare brille sur Bristol et certains d’entre eux ont tombé le maillot pour mieux montrer leurs tatouages. Un peu plus loin, deux joueurs rentrent aux vestiaires main dans la main. L’Union Cup se termine pour eux.

La compétition rassemble tous les deux ans les clubs de rugby gays de toute l’Europe. Une dizaine de pays étaient représentés, fin mai, dans le sud-ouest de l’Angleterre: l’Irlande, l’Écosse, la France, mais aussi la Suède, la Belgique et l’Allemagne, où la discipline est pourtant encore assez peu développée. Los Valents de Montpelhièr – en languedocien dans le texte – sont venus à Bristol pour défendre leur titre dans le tournoi de rugby à 10. Le club français a organisé la première édition, en 2005, et son président, Christophe Salles, revient à chaque fois avec l’ambition de «montrer le sport gay à un niveau d’excellence». Avant la finale contre Dublin, le causerie du capitaine montpelliérain emprunte d’ailleurs un vocabulaire très rugbystique: «On se sort les doigts du cul maintenant! On n’est pas arrivé jusque-là pour se faire enculer!» Ça attendra: ultra-dominateurs, les ciel et blanc l’emportent 50-0 et se précipitent au coup de sifflet de final sur leur meilleur marqueur, qui finit le match sans son short, tout penaud, cul nu sur la pelouse. «C’est le côté un peu léger du rugby, avec ses chants paillards et ses bières», rigole Christophe Salles, un grand gaillard proche des 2 mètres, alors que ses joueurs célèbrent leur victoire avec un cubi de rouge bon marché.

Trop bourrins
La différence de niveau est grande entre les équipes. Certaines, comme les Kings Cross Steelers de Londres, vainqueurs du tournoi à 15, jouent en championnat chaque week-end; les autres seulement pour le loisir. «Le rugby passe en premier, mais on vient aussi à l’Union Cup pour le côté festif, l’ambiance de carnaval», raconte David Aird, première ligne des Bisons de Bristol, le club organisateur. Un de ses coéquipiers vient le rejoindre. Il a sa petite fille dans les bras et sa femme derrière lui. «C’est un de nos joueurs hétéros. Souvent, ils arrivent au club par l’intermédiaire d’un ami et y restent pour l’esprit de camaraderie.»

Le gros du contingent montpelliérain à avoir fait le déplacement outre-Manche est homosexuel – «on n’a pas de gosses, donc on peut se payer le billet d’avion» – mais le club est ouvert à tous lui aussi. «On souhaite faire tomber des barrières, ce serait absurde d’en élever nous-mêmes, explique Christophe Salles, amusé par les clichés qui entourent le sport gay. On nous demande souvent comment ça se passe sous la douche. Rien de particulier en fait. On se lave et on se change. Je crois que c’est surtout un fantasme!»

«Nourson», barbu d’une trentaine d’années, a joué plusieurs saisons dans un club hétéro avant de rejoindre les Rebelyons de Lyon. Il n’y a «jamais connu de souci», mais comprend la «crainte» qu’ont certains gays à exercer une discipline collective: «Beaucoup cachent leur orientation sexuelle par peur d’être jugés différemment en cas de mauvaise performance.» Avec ses coéquipiers lyonnais, il se plaît à plaquer les clichés chaque week-end sur les terrains de rugby. «Dans l’imaginaire collectif, le gay est un peu une princesse, un gars qui prend hyper soin de lui. Un tournoi comme celui-ci montre bien que ce n’est seulement ça. Certains gays sont même surpris de nous voir jouer. Ils nous trouvent beaucoup trop bourrins!»

Un sport gay-friendly
Depuis quelques années, à travers notamment le calendrier des Dieux du Stade, acheté en majorité par des hommes, le monde du rugby cultive son image gay friendly. Le coming-out de l’ancien international gallois Gareth Thomas a été très bien accueilli et l’arrière de l’équipe d’Angleterre Ben Foden s’est engagé récemment dans une campagne de lutte contre l’homophobie dans le sport.

Dans une discipline à l’image particulièrement virile et brutale, les supporters sont aussi «plus tolérants que ceux du football», souligne l’Ecossais David Aird. «Ce n’est pas seulement le cas en ce qui concerne l’homosexualité, mais aussi pour le racisme ou le respect de l’adversaire. Je n’ai jamais eu à faire face à des comportements homophobes. Les fans adverses peuvent se mettre à chanter YMCA sur le bord du terrain pour chambrer un peu, mais c’est dans l’esprit, on revendique notre côté gay.» Son équipe était la seule, ce week-end-là, à jouer en rose.

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