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«I» pour Intersexes

«I» pour Intersexes

Le 5 mars dernier, à l’occasion de la 22e session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, une poignée de militants intersexes s’est réunie. L’occasion de se pencher sur un sujet méconnu.

Selon les variations sexuelles prises en compte, l’intersexuation concerne entre 1 naissance sur 1000 et jusqu’à plus de 1 sur 100. Elle désigne une variation du développement sexuel. De ce fait, la personne intersexuée ne correspond pas physiquement au standard mâle ou femelle. Réassignation et stigmatisation sont le lot de ces personnes dans nos sociétés où les caractéristiques sexuelles se comprennent toujours de manière binaire.

Heureusement les lignes bougent. Lentement. En février dernier, un document intitulé «Mutilations Génitales chez les Intersexes» a été remis à Juan Ernesto Méndez, rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture en marge du Conseil des droits de l’homme à Genève.

Militer
Dès les années 90, des groupes de militants intersexes se sont développés aux Etats-Unis. Ils revendiquent avant tout la liberté de disposer de leur corps et dénoncent les chirurgies de réassignation «esthétique». Les actions se multiplient alors pour faire reconnaître la violence des actes médicaux dont sont l’objet les enfants intersexes. Les principales manifestations s’organisent autour des congrès de pédiatrie et d’urologie. Des affiches et des brochures comprenant des images crues de chirurgie génitale pour interpeler, montrer et faire reconnaître la violence subie par les enfants intersexes. En 2003 est créée l’Organisation Internationale des Intersexués (OII). En Suisse, Daniela Truffer est la première intersexe à prendre publiquement la parole et à interpeler pouvoir publique et monde médical.

En ce qui concerne les droits des personnes intersexes, deux problèmes distincts se posent. D’un côté, celui du droit à l’autodétermination de l’enfant intersexe ainsi que la reconnaissance des opérations de réassignation précoces comme une forme de mutilation génitale. De l’autre, la reconnaissance légale, et sociétale, du statut même d’intersexe, c’est-à-dire d’un genre qui ne soit ni féminin ni masculin.

Le monde médical commence à prendre en compte les revendications des organisations intersexes. La situation tend à s’améliorer quant à la prise en charge des naissances d’enfants intersexués. En Suisse, c’est en 2009 que la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine (CNE) a rendu un avis sur la question de l’intersexuation. Il y est notifié que le choix du genre doit être laissé à l’enfant. Les interventions définitives devraient donc être reportées autant que possible jusqu’à ce que l’enfant puisse se prononcer lui-même. La CNE recommande aussi la mise en place de consultations spécialisées pour orienter et accueillir familles et professionnels.

Troisième genre
L’intersexuation soulève aussi le problème de l’identité de genre et de définition même du genre. En effet, opéré ou non, quel que soit le genre ressenti par la personne intersexuée, il lui faudra choisir un genre administratif féminin ou masculin. Depuis 2006, le troisième genre «X» est proposé sur les passeports australiens et serait en projet en Nouvelle Zélande et au Canada. Une solution sans doute plus proche de la réalité dont témoignent certains intersexes qui ne se sentent ni fille ni garçon, mais … intersexe.

XXY ou XO … Kesako?

Les caractères sexuels sont le résultat de complexes réactions en chaîne impliquant chromosomes, gènes, hormones, dont beaucoup se déroulent avant la naissance. La source de l’intersexualité peut être dans le nombre de chromosomes sexuels (XXY ou XO au lieu de XX ou XY), dans l’activation des gènes, mais aussi dans la production et la réception des hormones participant à la différenciation sexuelle. Le nombre de facteurs et de variables explique aussi pourquoi il n’existe pas deux sexes parfaitement identiques! Une étude a mis en relief que l’exposition de la mère à des perturbateurs endocriniens, présents notamment dans les cosmétiques, augmente le nombre de ces variations sexuelles chez l’enfant. Ariane Giacobino, cheffe de clinique en génétique médicale à la faculté de médecine de Genève, prévoit donc une augmentation du nombre d’intersexes. Elle souligne, par ailleurs, qu’en règle générale hommes et femmes sont déjà bien moins différenciés qu’il y a cent ans. Société et médecine devraient donc se préparer à revoir la binarisation du genre et à mieux accepter et recevoir l’intersexuation.

La médecine s’en mêle
Jusque dans les années cinquante, l’intersexuation nommée alors ambiguïté sexuelle ou hermaphrodisme, ne faisait l’objet que de traitements médicaux expérimentaux. C’est aux Etats-Unis que les opérations de réassignation sexuelle systématiques et massives se sont développées. Ces chirurgies ne sont que rarement dues à un problème fonctionnel. Micropénis, clitoris trop grand, aspect extérieur non conforme, autant d’entorses aux standards lourdement sanctionnées. En effet, la réassignation sexuelle est souvent égale à une castration et à de nombreuses opérations génitales répétées parfois jusqu’à l’âge adulte en fonction de la croissance et accompagnée d’un traitement hormonal à vie. Les conséquences physiques de ces interventions sont lourdes: douleurs parfois à vie, perte de sensibilité…

Les théories prônent des interventions chirurgicales les plus précoces possibles ainsi qu’une immersion éducative totale impliquant notamment que l’enfant ne soit pas mis au courant de sa situation. John Money, psychologue, fut un des fers de lance de la théorie selon laquelle l’identité sexuelle pouvait être entièrement construite. Les conséquences de ce traitement s’avérèrent souvent dramatiques. Le cas le plus célèbre fût celui de Brenda/David Reimer, petit garçon ayant perdu son pénis lors d’une circoncision ratée, fût réassigné au genre féminin par John Money. Cette réassignation fut un échec, face à son malaise ses parents l’informèrent de la situation. Brenda reprit l’identité masculine de David et fit une transition complète. Peinant cependant à trouver l’équilibre, David mit fin à ses jours en 2004. Le rejet officiel des théories de John Money par le monde médical n’eut lieu qu’en 2006.

Le problème reste que lors de la naissance d’un enfant intersexué, parents, mais aussi professionnels de la santé sont souvent démunis. Méconnaissance et craintes aboutissant souvent à des réassignations chirurgicales précoces aux conséquences souvent dramatiques.

One thought on “«I» pour Intersexes

  1. moi c nadi 27ans je suis algerien j problam da ambiguïté sexuelle ou hermaphrodisme,aidi moi

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