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Pride de Genève: les multinationales ne sponsoriseront plus l’événement

Pride de Genève: les multinationales ne sponsoriseront plus l’événement
La Pride de Bulle, en 2022.

Pour la première fois en 2023, la Pride de Genève ne sera pas sponsorisée par des multinationales. Un changement de modèle économique visant à plus de transparence politique, mais qui ne va pas sans son lot de défis. 

«C’est une question de cohérence du message», lance Xavier Lavatelli, co-président de la Geneva Pride depuis 2020. L’association, qui fête sa cinquième année, a annoncé mettre fin au système de sponsoring par des grandes entreprises pour sa nouvelle édition de la Marche des Fiertés, qui se tiendra le 10 juin à Genève. Cette décision fait suite à des discussions tenues en Assemblée Générale, dans un contexte où les bénévoles réfléchissent depuis plusieurs années à la question de la provenance des fonds, et de son impact sur le message politique porté. Xavier Lavatelli explique: «Même si certaines multinationales promeuvent une politique d’inclusivité au sein de leur entreprise, elles n’ont pas toujours des activités qui respectent ces principes à l’international. Leur apport financier n’était plus en accord avec notre projet, qui promeut l’inclusivité et la défense des droits humains.»

Pour les sponsors, les critères à remplir afin de financer l’événement se précisent: Geneva Pride n’accepte plus que les entreprises suisses dont les activités sont en Suisse. Elles doivent continuer de respecter la charte du sponsoring établie par l’association. À cet égard, celle-ci insiste sur les devoirs des sponsors, comme le soutien actif des personnes trans* ou encore l’égalité de traitement pour les couples de même sexe.

Ce changement de modèle économique n’a pas refroidi les relations entre l’association et ses anciens mécènes, raconte l’équipe, qui assure n’avoir jamais reçu de pressions de leur part pour modifier sa liste de 49 revendications, et qui insiste sur son indépendance. «Les entreprises étaient coopératives. Mettre fin au sponsoring des multinationales, c’est surtout une manière pour nous de nous prémunir des éventuelles pressions.» Sans compter que les associations LGBTIQ+ des grands groupes pourront toujours défiler: «À la différence des autres années, on ne leur demande simplement plus de participation financière pour le faire», précise le co-président, qui appuie sur leur obligation de ne défiler qu’avec le logo de leur groupe LGBTIQ+ d’entreprise et non avec leur logo commercial principal. L’évolution portera également sur la disparition des multinationales du site de l’association, de ses réseaux sociaux et de ses affiches.  

Une décision mûrement réfléchie au regard des coûts de la Pride, qui représentent un «budget énorme», selon Xavier Lavatelli. Il énumère les principaux postes de dépense de l’organisation: «Il y a déjà la sécurité privée qui protège l’événement d’éventuelles attaques extérieures, ainsi que les secouristes qui peuvent intervenir en cas de besoin médical. Pour une Pride comme celle de Genève, le budget sécurité est autour de 40’000 francs et 12’000 francs pour le médico-sanitaire. Sans compter les frais du village associatif, de près de 70’000 francs, puisqu’il faut bien accueillir les 30’000 personnes qui viennent marcher dans un cadre inclusif et confortable.» Un coût total s’élevant à 190’000 francs.

C’est pourtant l’importance de ces chiffres qui a finalement amené un changement de perspective: «Le budget de la marche de 2021 était près de deux fois plus élevé que les autres en raison de l’obligation de mettre en place des mesures contre le Covid-19», explique Xavier Lavatelli. Pourtant, l’association s’en est sortie sans trop de difficultés: «On s’est aperçu que malgré l’explosion des coûts, notre comptabilité était positive. On s’est dit que la possibilité de se passer du sponsoring était viable, et que ça nous permettrait par ailleurs de nous sentir plus libres dans nos actions». 

Bien que l’association ait pu prendre cette décision en raison d’une bonne santé financière et d’autres sources de financements, le défi reste de taille. Sans compter que certaines ressources sont dépendantes de facteurs sur lesquels elle n’a pas de prise. «Les rentrées d’argent issues du village associatif du week-end représentent un gros poste de financement. La Pride garde la main sur les bars du village: c’est ce moment qui nous permet de rentrer dans nos coûts. Cela nous rend très dépendant·e·x·s de la météo!», s’inquiète Xavier Lavatelli. Pour autant, les soutiens sont multiples, et permettent d’envisager une pérennité réelle du projet: «Aujourd’hui, certains organes nous financent, comme la Loterie Romande. Le reste provient de soirées de soutien que l’on organise, des éventuelles campagnes de financement, des dons des particuliers et des rentrées d’argent issues du village associatif», déroule le co-président.

Mais l’association salue également l’engagement du Canton et de la Ville de Genève, pionniers en la matière: «Nos subventions proviennent de services en particulier, par exemple celui de la cohésion sociale du canton. Nous avons aussi des subventions de la Ville via le service Agenda 21. Des pôles qui promeuvent les droits humains», rappelle le co-président, qui reconnaît que tous les projets de marches des fiertés ne sont pas logés à la même enseigne, la plupart ne recevant «pas ou peu de subventions publiques». Pour cette raison, l’association précise qu’elle ne juge pas les Pride situées dans d’autres villes: «Pour nous, les subventions publiques représentent un peu moins de 50% de nos entrées d’argent. Les Pride qui sont en mesure de se passer de sponsoring devraient le faire, mais je comprends que les autres restent sur ce modèle en l’absence d’aides publiques». 

La première Pride genevoise sans sponsoring de la part de multinationales s’élancera donc dans les rues de la ville en mettant en avant trois revendications principales: ajouter à l’article du Code pénal qui criminalise l’homophobie la mention de la transphobie, défendre l’autodétermination des personnes intersexes et enfin interdire au niveau fédéral les thérapies de conversion. Rendez-vous dans la rue pour faire entendre ces messages. 

Infos: genevapride.ch