Première sous haute surveillance
Quatre mois après la Pride avortée de Tbilisi, la sortie du film-événement «Et puis nous danserons» en Géorgie rallume la haine anti-LGBT des extrémistes locaux.
La sortie du premier long-métrage géorgien ayant pour thème l’homosexualité ne passe pas inaperçue. Des organisations d’extrême droite et proches de la puissante Église orthodoxe ont menacé de perturber les projections de «Et puis nous danserons» prévues dès demain dans une poignée de cinémas de la capitale Tbilisi et de Batoumi, et de bloquer l’accès aux salles, rapporte Reuters.
Co-production suédo-franco-géorgienne, le film de Levan Akin raconte une histoire d’amour contrariée entre deux danseurs dans la prestigieuse troupe national de ballet traditionnel. Il a été acclamé dans de nombreux festivals internationaux, de Cannes jusqu’à Everybody’s Perfect à Genève, et en ce moment Queersicht à Berne.
«Attaque contre les valeurs nationales»
Le Patriarcat orthodoxe a qualifié le film d’«attaque contre l’Église et les valeurs nationales»: «Il y a certaines forces qui semblent profondément dérangées par l’autorité de l’Église, par l’amour de la population pour Dieu et par les valeurs traditionnelles. Elles utilisent tous les moyens pour chercher à les ébranler», a communiqué le clergé. Une allusion à la tentative, cet été, d’organiser la première Marche des fiertés du pays. Dans un climat de haine sans précédent, l’événement avait dû être annulé, faute de garanties de sécurité suffisantes de la part des forces de l’ordre.
Plusieurs organisations de la société civile ont pressé le gouvernement de prendre au sérieux les menaces et d’assurer la sécurité aux abords des cinémas. Le Partriarcat a quant à lui décliné toute responsabilité en cas de violences.