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Une histoire intime du VIH/Sida 

Une histoire intime du VIH/Sida 
Mathias Howald. Photo: Simon Habegger/Istituto Svizzero

Après avoir publié Héritier du silence (prix du Public de la RTS) en 2018, Mathias Howald propose avec Cousu pour toi un ouvrage intime qui met en lumière une histoire locale de l’épidémie du VIH/Sida. Rencontre avec l’auteur romand publié chez Gallimard (collection Scribes) qui signe un texte bouleversant. 

En deux cents pages, Mathias Howald nous plonge dans les archives d’une pratique intimement liée à l’épidémie du VIH/Sida: les patchworks des noms. Dans le premier tableau des deux temps qui rythment ce livre, on suit le jeune Mathias entre 1994 et 1998, temps de la découverte de son homosexualité et son lien direct, quasi inextricable, avec la maladie. Ces années, à cheval sur l’arrivée des trithérapies en juillet 1996, sont aussi sa première rencontre avec les quilts, qu’il découvre dans un reportage de l’émission Viva, à l’occasion du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida. Dans le cocon de la chambre de l’adolescent, ce face-à-face avec cette «pierre tombale […] facile à transporter» est doublé du récit de François, qui témoigne dans le gymnase que fréquente le narrateur. À la dimension mémorielle du patchwork vient alors s’ajouter celle de l’utilité sociale, du lien qu’il permet de poursuivre: «Quand Julien est mort, le soutien quotidien qu’on lui assurait a cessé du jour au lendemain et cela a laissé un grand vide dans nos vies… avec le patchwork, on avait retrouvé l’occasion de se réunir», confie François face à la classe emportée par la puissance du témoignage. 

Le second tableau court de 2018 à 2021 et permet au narrateur de sortir d’un regard adolescent et forcément naïf sur la complexité d’une épidémie sans précédent. L’âge permet le recul, mais l’obsession pour les patchworks est toujours présente. L’auteur nous confie: «Ces panneaux disent quelque chose d’une époque passée, mais ils n’ont pas vieilli. Ils peuvent nous interroger sur notre rapport au monde, au deuil, à l’autre, sur notre rapport à la lutte. C’est une question de transmission, d’héritage.» Un héritage exploré tout au long du roman, dans lequel on rencontre les associations clés que sont Sid’action Lausanne ou PVA à Genève, mais aussi des personnages emblématiques comme Guillaume Dustan ou Nicolas Pages. Mathias nous emmène aussi avec lui à la Pride lausannoise de 1998 – celle qui a vu naître le magazine 360°. De ses propres mots, l’auteur romand a voulu «reconstruire les affects, les imaginaires, les images» d’un pan de l’histoire communautaire LGBTIQ+. 

Finement documenté, l’œuvre fait une place d’honneur aux femmes, longtemps oubliées de ces années funestes. «Ces femmes-là tiennent tout, à la fois parce qu’elles étaient impliquées dans les associations, qu’elles accompagnaient – lorsqu’elles n’étaient pas directement touchées – leurs ami·e·s, mais aussi parce qu’elles ont joué un rôle central au niveau intellectuel. Susan Sontag, Sarah Schulman, Élisabeth Lebovici: ce sont des femmes qui ont permis de faire connaître cette histoire-là. Elles ont accompagné les individus, la réflexion et la politique.» 

En conclusion, questionné sur l’écho que peuvent avoir ces archives aujourd’hui, le Lausannois détaille, non sans émotions: «C’est une force de plonger dans ses archives et de redécouvrir ces récits intimement liés à l’amour. J’ai été porté par ces personnes qui ont fait preuve d’une telle solidarité.»

Positive Life Festival

En plus de son exploration littéraire, Mathias Howald s’occupe de la médiation du Positive Life Festival: «Il y a une vraie fluidité entre ce que le livre m’a permis de faire et ce que je peux transmettre avec le festival.» Pour cause, lors du travail de documentation pour préparer son livre, il fait la connaissance de David Jackson-Perry, coordinateur de l’Antenne du CHUV, service d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH. Consignée dans le livre, leur rencontre évoque les patchworks, alors que David est en train d’ imaginer un festival dont le but sera de combattre l’ignorance autour du virus et créer de nouvelles représentations de la vie avec le VIH. 

Le projet devient réalité et, en plus d’événements qui ponctuent l’année 2023, le festival proposera des projections de courts-métrages originaux, des performances et des rencontres, les 1er et 2 décembre 2023 au Cinéma CityClub à Pully-Lausanne

Cousu pour toi de Mathias Howald (Gallimard, collection Scribes)
224 pages, CHF 31.-
Disponible en librairie

Avec Positive Life Festival: 
Vernissage du parcours d’expositions «SUPPORT» de VU.CH, jeudi 6 juillet à 18h. Plus d’infos sur positive-life-festival.ch