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«Circus of Books», dernier tour de piste

«Circus of Books», dernier tour de piste
Karen et Barry Mason, héros de «Circus of Books».

Dans un docu épatant à voir sur Netflix, Rachel Mason raconte l'histoire rocambolesque de ses parents, devenus malgré eux des icônes de la communauté LGBTQ+ de West Hollywood, où ils tenaient un mythique sex-shop.

Les Mason sont un couple assez unique: elle est énergique, battante, un peu soupe-au-lait; lui arbore un sourire perpétuel et une indulgence à toute épreuve. Mais qu’est-ce qui a fait que deux êtres aussi dissemblables que Karen et Barry, l’une promise à un avenir de grand reporter et l’autre de technicien d’effets spéciaux, finirent par devenir le pôle d’attraction de la communauté gay de West Hollywood? Le passionnant et émouvant «Circus of Books», disponible depuis mercredi sur Netflix, le raconte.

Drôle de titre pour une drôle de boutique. Car en fait de librairie, Circus of Books était un sex-shop homo, que de tortueux hasards du destin mirent entre les mains de ce couple parfaitement hétéro au début des années 1980. Réalisé par Rachel Mason, l’une de leurs trois enfants, le documentaire retrace ainsi près de 40 ans d’histoire gay américaine.

C’est surtout l’incroyable Karen que suit la caméra de sa fille. Juive pratiquante, guère à l’aise avec l’homosexualité, elle mène néanmoins son business tambour battant. Dans le capharnaüm de son stock, là voilà en train de chercher un DVD «avec un homme blanc, sans pénétration» pour un client. Là revoilà arpentant les allées d’une foire de l’érotisme pour passer commande de «pilules chinoises» et de godes. «Je les repère sans avoir à les regarder», se vante-t-elle. On l’entend aussi jurer (et on la croit) qu’elle n’a vu aucun des films qu’elle vend. Jusqu’au soir où ses contradictions lui éclatent en plein visage…

Jeff Stryker!
Le film a la vertu de rappeler l’importance de la pornographie gay durant cette période où l’homosexualité – telle qu’elle se pratique en vrai – était encore quasi invisible. D’un pragmatisme à toute épreuve, les Mason étaient allés jusqu’à produire et distribuer dans tout le pays des vidéos porno gay, une activité alors à la limite de la légalité. Ils avaient même fait tourner la superstar de l’époque: Jeff Stryker. Lequel fait, trente ans plus tard, une apparition spectrale dans le documentaire.

On peut regretter que «Circus of Books», produit par Ryan Murphy («Pose», «American Crime Story»), n’ait pas été décliné en mini-série, tant l’histoire de cette famille et de la communauté gravitant autour d’elle est riche. On aurait aimé écouter encore les témoignages gourmands des anciens clients qui batifolaient parfois dans les rayons du magasin, plonger plus avant dans les étonnantes vidéos familiales, en savoir plus sur le procès pour obscénité intenté contre les Mason par la très prude administration Reagan. Et bien sûr sur l’hécatombe du sida, qui décima clients et employés de la boutique.

Hommage à des parents courageux et dévoués
Si ces sujets ne sont parfois qu’effleurés, c’est sans doute parce que «Circus of Books» est avant tout un hommage à des parents courageux et dévoués, devenus à leur corps défendant des porte-drapeau de la communauté LGBTQ+. Même s’ils ont éteint définitivement leur enseigne en février 2019, vaincue par la gentrification et le tout-internet. Avec cette fermeture se clôt un petit pan d’histoire. Mais le chemin qui a été parcouru ne l’a pas été vain, comme en témoignent les dernières séquences du film: Karen et Barry défilant à la Gay Pride, rayonnants et fiers, et passant devant leur boutique presque sans la remarquer.

«Circus of Books», disponible depuis mercredi sur Netflix