Des auteurs de vidéos LGBTIQ+ se retournent contre YouTube
Vidéos privées de pubs, classifiées «pour adultes» ou ciblées par des annonces homophobes: les animateurs de chaîne attaquent en justice le propriétaire de la plateforme YouTube.
Google discrimine-t-elle les créatrices et créateurs de contenus LGBTIQ+ et les empêche-t-elle d’atteindre leur public? C’est ce qu’affirme un groupe de youtubeurs, qui souhaite porter la question devant la justice californienne. Emmené par les chanteuses Bria Kam et Chrissy Chambers, animatrices de la chaîne YouTube BriaAndChrissy (850’000 abonnés) ou encore le vloggeur Chase Ross (164’000 abonnés), le collectif baptisé Rainbow Coalition accuse YouTube, filiale du géant du web, d’empêcher des publicités d’apparaître sur des vidéos ayant des mots-clés comme «gay», «lesbienne» ou «trans». La plateforme a aussi tendance à classer automatiquement leur production comme «sensible» ou destinée à un «public mature», les empêchant d’apparaître dans les résultats de recherche et les recommandations. Enfin, YouTube ne ferait pas assez pour filtrer les propos haineux et le harcèlement dans la section commentaires.
Google rejette ces allégations. «Les notions d’orientation sexuelle et d’identité de genre sont étrangères à nos politiques. Notre système ne restreint pas et ne démonétise pas les vidéos basées sur ces facteurs ou incluant de termes comme ‘gay’ ou ‘transgenre’», assure un porte-parole à la BBC. Toutefois, il admet des contenus sur la sexualité et les fétichismes peuvent faire l’objet de restrictions en matière de publicité. Par ailleurs, il rappelle que YouTube a supprimé 220 millions de commentaires et 3000 chaîne faisant la promotion de la haine en ligne.
La part des choses
Ces justifications laissent les youtubeurs LGBTIQ+ sur leur faim. Pour eux, Google doit clarifier le fonctionnement de son algorithme. Celui-ci a manifestement du mal à faire la part des choses entre contenus pour adultes et discussions sur la sexualité ayant une portée éducative ou documentaire. Le site The Verge rappelle que Chase Ross avait montré comment une vidéo de sa chaîne Trans 101 comprenant le mot «trans» dans son titre était systématiquement privée de publicités susceptibles de générer des revenus. En outre, l’an dernier, des créateurs et des spectateurs s’étaient indignés de voir apparaître sur des vidéos LGBTIQ+ des annonces d’organisations conservatrices hostiles.