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Des préjugés à surmonter en équipe

Des préjugés à surmonter en équipe

Stéréotypes, structures inadaptées, réactions maladroites... Les personnes trans*, intersexes et non-binaires se heurtent à de nombreuses difficultés dans la pratique du sport. C'est ce dont témoignent Marie, Helio et Cyrille. Les deux premier·ère·x·s ont fondé ce printemps STIN, une nouvelle association lausannoise, dont le troisième est un membre actif.

Dans une enquête menée par Transgender Network Switzerland en 2020 à propos du sport pour les personnes trans, 75% des répondant·e·x·s affirmaient avoir vécu des expériences négatives dans ce cadre en raison de leur identité ou de leur expression de genre, et 10% y avoir subi des violences verbales, physiques ou sexuelles. Marie, Helio et Cyrille confirment que les centres sportifs sont des environnements peu accueillants pour les personnes TIN (trans*, intersexes et/ou non-binaires). 

Cyrille, qui pratique la grimpe en salle, décrit le malaise que les personnes lui renvoient: «Il y a des gens, et en fait personne ne m’adresse la parole. Tu sens de manière diffuse que tu n’es pas le bienvenu et qu’il y a quelque chose d’un peu dérangeant, mais qui est toléré.» Quand Helio, pour sa part, se rend à la piscine, il craint d’être interpellé sur son apparence: «Je me douche avec mon binder et mon short de bain dans les vestiaires des hommes. J’essaie de ne pas croiser le regard des gens, pour ne pas leur donner envie de me parler…» De fait, lorsqu’une personnes cis s’adresse à une personne TIN dans un contexte sportif, il est attendu que ce soit par suspicion («êtes-vous une fille ou un garçon?») ou par rejet («vous n’êtes pas à la bonne place») et non par sympathie ou simplement dans un cadre d’interaction standard.

Au club des mégenré·e·x·s

Marie et Helio ont connu des expériences négatives dans des clubs sportifs. Helio a suivi des cours de danse contemporaine au sein d’un groupe mixte. Son expérience a été très positive jusqu’à ce que la responsable du cours, inexplicablement, commence à le genrer au féminin. Cela a compliqué les rapports d’Helio avec les autres participant·e·x·s: «Comme en plus c’est la responsable qui me mégenre, j’ai peur que les autres se disent “ah d’accord, finalement c’est elle”.» De son côté, Marie faisait partie d’un club de judo et de ju-jitsu au moment où elle a commencé sa transition. Les rapports ont changé après l’annonce de sa transidentité. Une décision du club l’a alors poussée à partir: «Je devais continuer d’aller dans les vestiaires des hommes, pas question que j’aille chez les femmes».

Les injonctions de genre pèsent encore plus lourdement sur les épaules des personnes TIN. À cet égard, la salle de sport est un terrain miné. Marie est depuis longtemps intéressée par l’haltérophilie. Cependant, l’association de la pratique à la masculinité la freine: «Je n’envisage vraiment pas d’en faire dans un milieu… mixte, quoi. Il y a des enjeux de genre beaucoup trop forts – le fait que moi je trouve ça cool et que je sois une femme trans…» Marie redoute à la fois l’identification à son genre d’assignation et les violences transphobes d’un lieu de fabrique de virilité. 

Paradoxalement, les injonctions de genre limitent aussi l’accès des personnes TIN à des activités d’affirmation de genre. Le fitness, par exemple, est un excellent moyen pour une personne TIN de remodeler son corps, mais c’est aussi un lieu mettant en scène les stéréotypes homme/femme. Helio met en lumière une impasse: «Je pense que j’attendrais d’avoir suffisamment de passing pour être vu comme un mec pour y aller. Mais du coup, le passing se réalise dans l’activité sportive, la musculation typiquement…» 

Marie, Helio et Cyrille affirment qu’iels n’auraient pas les mêmes réserves à pratiquer les sports qu’iels mentionnent dans un contexte de mixité choisie: «Quand je me retrouve que avec des personnes trans*, je m’autorise beaucoup plus à faire des activités perçues comme féminines», témoigne Helio, assigné femme à la naissance. Que ce soit pour les clubs ou les centres sportifs, iels ne peuvent investir l’espace au même titre que n’importe qui d’autre. Le STIN se propose de remédier à cela. 

Gagner du terrain en faisant équipe

Le STIN – pour Sports trans, intersexes, non binaires – est une association sportive lausannoise, qui réunit des personnes TIN dans un contexte safe, non mixte. Il compte déjà 75 personnes sur le groupe Telegram de l’association et 150 followers sur Instagram. Le STIN comprend des membres ayant une formation sportive, ce qui garantit l’accès à un bon nombre d’activités, notablement l’escalade et la natation. Son originalité est que les activités sont décidées en concertation. Le groupe Telegram contient des entrées par thèmes (sports en extérieur, natation, sports de raquette, etc.), où les membres peuvent parler de leur(s) sport(s) de prédilection et organiser des rencontres avec les intéressé·e·x·s. Le club a donc un potentiel rassembleur et motive chacun·e·x à découvrir de nouvelles disciplines.

L’association propose aussi de réserver des complexes sportifs pour y accéder sans la présence de personnes cisgenres: «C’est clair que ça serait mieux de pouvoir accéder à ces endroits tout le temps, explique Cyrille. Mais en attendant, de pouvoir en faire l’expérience en mixité choisie permet aussi de mesurer à quel point on se limite à d’autres moments.» Il évoque la dimension militante de l’acte de se réunir pour occuper des espaces sportifs. L’effet de nombre garantit de ne pas faire face seul·e·x à une situation d’agression physique ou verbale et diminue naturellement les chances qu’une telle situation se produise.

Ensemble, les membres du STIN veulent se donner les moyens d’expérimenter le sport sans les contraintes habituelles. Ce que recherche le STIN, c’est une forme de libération; des instants concrets où des personnes TIN peuvent se retrouver dans des structures non mixtes et ainsi pouvoir expérimenter la normalité – bouger, suer, briller sans retenue!