L’Éthiopie s’alarme de l’arrivée de touristes gay
L'offre d'une modeste agence de voyages LGBT de Chicago met les autorités religieuses du pays d'Afrique de l'Est dans tous leurs états.
Le récent boom du tourisme en Éthiopie crée des situations inédites pour ce pays d’Afrique de l’Est. On assiste ainsi à une levée de bouclier depuis qu’un agent de voyage américain a ajouté à son catalogue une visite de seize jours dans le pays, cet automne, pour un prix de 7900 dollars (autant en francs, ou 7000 euros). Or la particularité de Toto Tours est que l’agence est au service des «gays, lesbiennes, de leurs amis proches et des adultes membres de leur famille», comme le rappelle son site web, fier d’afficher «30 ans d’expérience».
L’information est remontée jusqu’aux oreilles des communautés religieuses éthiopiennes, qui n’ont pas tardé à se sont mobiliser contre un possible afflux de touristes LGBT. Cela avec d’autant plus de frénésie que plusieurs monastères et églises font partie du programme préparé par Toto Tours. «Ceux qui essaient d’utiliser nos sites historiques et notre patrimoine doivent être immédiatement arrêtés par le gouvernement. Quant aux Ethiopiens qui soutiennent cette entreprise diabolique, nous les sommons de se désister», a lancé un porte-parole de Conseil interreligieux d’Éthiopie, qui regroupe sept communautés chrétiennes et islamiques.
Un représentant d’une organisation orthodoxe a même suggéré que la santé et la vie des touristes seraient en jeu s’ils s’aventuraient dans le pays.
Rejet quasi-unanime
En 2007, le centre de recherche Pew avait mesuré un taux de rejet de l’homosexualité à 97% de la population éthiopienne – le deuxième le plus élevé au monde. Les actes sexuels consentis entre hommes sont passibles de peines de prison allant jusqu’à 15 ans. Peu d’informations existent sur la situation sur place. Les seules organisations de défense des LGBT éthiopien·ne·s militent depuis l’étranger.
Basée à Chicago, Toto Tours a déploré la violente campagne d’hostilité et les menaces dont l’agence est la cible sur les réseaux sociaux. Elle plaide le malentendu. «Ce voyage n’a jamais eu pour but de promouvoir nos croyance ou notre mode de vie», a assuré l’entreprise, qui a rappelé à l’AFP qu’elle avait déjà organisé des séjours dans d’autres pays pénalisant l’homosexualité, tels que le Zimbabwe ou l’Ouganda.