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Les employés séropositifs de l’ONU se mobilisent

Créé à Genève, UN+ est un réseau mondial de personnes séropositives travaillant au sein de l'ONU. Rencontre avec Bh. Mhango, coordinatrice, et M. da Quinta co-fondateur du réseau.

Pourquoi avez-vous créé UN+ ?
Manuel da Quinta: Lorsque l’un de nos collègues a eu des problèmes avec le service des ressources humaines, nous avons immédiatement constitué un petit groupe de personnes positives et sommes allées en parler avec Peter Piot, directeur d’Onusida. Une forte différence existait alors entre le discours tenu à l’extérieur par notre administration sur l’importance de l’intégration professionnelle des «personnes vivant avec» (PVA) et ce qui se passait effectivement en interne, où nous, séropositifs, devions faire face à différentes difficultés. En octobre 2005, nous avons demandé à Kofi Annan d’agréer notre groupe lors de sa visite à Genève. Cela nous a beaucoup aidés, tout comme le soutien inconditionnel de Peter Piot, qui est notre ambassadeur auprès de tous les bureaux de la planète, insistant aussi sur la nécessité d’ouvrir les postes vacants à des PVA. L’une de nos premières actions fut la diffusion d’un calendrier UN+ dévoilant les portraits de certains, ce qui nous exposait fortement dans le système très conventionnel de l’ONU, où beaucoup n’osent pas s’ouvrir aux autres, par peur de discrimination et de stigmatisation au sein de leur équipe, voire de non-renouvellement de leur contrat. Par manque d’information, d’expérience ou de formation, certains chefs ont peur d’avoir affaire à nous, et cela peut parfois tuer…

Comment UN+ a-t-elle évolué ?
Bhatupe Mhango:Il y a eu ce premier meeting mondial à Amsterdam en mars 2006, auquel 35 personnes positives issues de 11 pays et de 10 agences ont participé. Là, nous avons constaté que nous nous confrontions aux mêmes questions de par le monde, qu’il y avait un problème global autour de notre séropositivité. Aujourd’hui nous avons un site: www.unplus.org, qui propose un espace de travail virtuel, autorise la communication et la discussion entre tous les membres de manière confidentielle et diffuse de nombreuses informations constamment actualisées, du soutien ou des idées. Le groupe compte aujourd’hui 142 membres à travers le monde. Des demandes nous parviennent chaque jour et beaucoup d’Asie ces derniers mois. Par ailleurs, nous avons réussi à maintenir la confidentialité, fondamentale pour beaucoup. Le problème récurrent est que nous ne sommes que 20% des membres actuels à avoir déclaré ouvertement notre séropositivité. Cela veut dire que même si UN+ peut les soutenir au sein du groupe, 80% de ces gens ressentent que leur environnement professionnel ne les autorise à en parler ouvertement.

Les défis à venir ?
B.M.: Nous travaillons aussi avec le programme du BIT consacré au VIH sur le lieu de travail, et attendons la réponse à notre demande de participation comme orateur à la 2e Conférence internationale du travail, en juin prochain. Ce serait la première fois qu’une ONG participe activement à une conférence du BIT. Nous ne voulons plus être de simples observateurs, surtout si les choses vont dans une direction que nous n’approuvons pas.
M.d.Q.: Nous participons aussi activement à la révision de la politique onusienne en matière de HIV, totalement obsolète, puisqu’elle date de 1991.
B.M.: Cette révision concerne également les assurances et les prises en charge médicales, non seulement pour le sida mais aussi pour d’autres maladies, comme le diabète… Nous aimerions aussi avoir des représentants dans les 80 bureaux d’Onusida à travers le monde. Par ailleurs Nous avons lancé un forum pour les femmes et nous rencontrons bientôt pour établir un plan opérationnel autour de nos problèmes spécifiques, car nous sommes les plus affectées par le VIH, non seulement par l’infection, mais aussi parce que nous nous occupons de nos maris et enfants infectés. Enfin, l’équilibre entre la transparence et la discrimination est un défi fondamental.

Seriez-vous un modèle possible pour la Suisse en matière de mobilisation sur le VIH ?
M.d.Q.: Oui, nous sommes des experts de politiques en matière de VIH sur le lieu de travail et pourrions transmettre notre savoir-faire aux institutions suisses, tant cantonales que fédérales, comme nous le faisons déjà pour certaines organisations [la Fédération internationale de la Croix-Rouge, ndlr.] en les aidant à implémenter des groupes internes et des réseaux. La Suisse exprimerait alors son caractère pionnier en matière de droits humains, domaine dans lequel elle est souvent un exemple dans le monde, tout en nouant de forts liens ici même, avec la Genève Internationale.

www.unplus.org

Les quatre thèmes-piliers de UN+

• Restrictions de voyage et mobilité (équipe de travail au sein d’Onusida – www.hivtravel.org)
• Confidentialité (collaboration avec le service des ressources humaines de l’ONU)
• Assurance maladie (avec UN Cares, BIT, etc.)
• Stigmatisation et discrimination (index de la stigmatisation établie par Onusida) et mobilisation constante.

Mexico: Des avancées tangibles

Réunissant à Mexico plus de 24 000 délégués venus du monde entier, la dernière Conférence mondiale sur le sida a donné lieu à une montée en puissance de la société civile. Centrée sur le thème des droits humains, tous les groupes et minorités ont pu y prendre la parole: travailleurs du sexe, homosexuels, transsexuels, migrants, prisonniers, usagers de drogues injectables, etc. Symbole de ce front uni, une très belle marche internationale contre la stigmatisation, la discrimination et l’homophobie, ouverte par le Ministre mexicain de la santé, a marqué le coup d’envoi de la conférence. C’est une grande première pour l’Amérique latine, souvent très conservatrice sur ces thèmes, tout au moins officiellement.
Parmi d’autres percées, les Etats-Unis ont annoncé une probable levée des restrictions de voyage pour les PVA, tandis que le Mexique a autorisé la production de médicaments pour les thérapies de seconde ligne et de génériques pour toutes les thérapies ARV.
Mexico a aussi marqué une avancée forte en matière de prévention: les microbicides, promis à un avenir certain, principalement pour les femmes qui ne peuvent négocier l’utilisation du préservatif avec leur partenaire. Les objectifs mondiaux, comme l’accès universel ou l’éradication du SIDA ont été maintenus à l’horizon 2010-2015. Même si l’on sait qu’il y aura du retard, il faut maintenir la pression, et les Etats s’y sont engagés.