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«Ici, même l’Américain moyen s’affiche comme ouvertement sexuel»

«Ici, même l’Américain moyen s’affiche comme ouvertement sexuel»

Figure de la «leather scene» San-Franciscaine, Jim Hunger nous entraîne dans un parcours à travers la ville et sa vie; du tout cuir au romantisme des «saloons».

Je n’imagine pas parler de San Francisco sans mentionner la Folsom Street Fair, prévient Jim. C’est un événement absolument unique, la fête cuir et fétichisme». Et il en sait quelque chose. Car s’il dit désormais préférer les soirées plus intimes, s’il travaille maintenant pour l’hôpital de la ville, Jim Hunger n’est rien de moins que l’ancien rédacteur en chef de International Leatherman Magazine. Et, donc, les fêtes «tout cuir», il connaît.
Mais la Folsom Street Fair, c’est plus que ça. Bras d’honneur à une Amérique souvent pudibonde, pied de nez à l’intolérance, cette foire étrange est la célébration de l’extrême, de l’absence de tabous. Elle est l’occasion d’afficher sa sexualité, sa différence et ses fantasmes dans la rue et au grand jour. Ou même, pour quelques uns, d’aller au bout de leurs envies, juste un instant, au vu et au su de tous. Même des policiers de la ville, conciliants.

Voir et être vu
Fouettés, fessés, dominés, tenus en laisse. Déguisement de cheval, le mors dans la bouche, ou de chien, collier au cou, la Folsom Street Fair permet toutes les fantaisies. Et, partout, l’hyper masculinité se montre. Costumes de policiers, déguisement de pirates ou tenues militaires renvoient à toutes sortes de fantasmes, un zeste de SM en plus.
Mais si la devise de la Folsom Street Fair est un peu «voir et être vu», le beau n’est pas une condition. «Ici, même l’Américain moyen peut s’afficher comme ouvertement sexuel», s’amuse Matt, le mari de Jim. Parce que Jim, après les fêtes, après les années folles, s’est posé. Et s’est uni, avec la bénédiction du maire de la ville Gavin Newsom et en dépit de l’officielle illégalité, à son compagnon Matt Czajkowski, avec lequel il vit depuis dix ans. Et avec lequel il se promène désormais, tout de cuir vêtu, à la Folsom Street Fair.
Mais la foire n’est pas le fait seulement d’adeptes de SM ou de fétichistes. «Pour nous, c’est une célébration de la communauté gay et nous sommes ouverts à tous, ajoute Jim. Et bien sûr, il y a les voyeurs aussi. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Là aussi, la tolérance est de mise». Une tolérance teintée d’un soupçon de grivoiserie. «Vous voulez que je vous prête des menottes, pour la photo?», demande le patron du Powerhouse, un bar au centre de la Folsom Street Fair.
Mais la fête raconte aussi une autre histoire. Celle d’un quartier que l’on nomme, aujourd’hui encore «South of Market», en référence à cette rue toute droite qui sépare la ville entre le nord et le sud. Une zone faite d’entrepôts et d’habitations peu chères dans laquelle, dès les années 1970, les bars gay et cuir se sont multipliés. Parce que la différence est acceptée et, surtout, parce que les loyers sont moins chers.

Un quartier emblématique
C’est le long de Market Street aussi, à la croisée de Castro, que se trouve le «Castro Theatre», emblème du réputé district gay de San Francisco et que Jim chérit particulièrement. «Parce que c’est là que l’on peut voir des films LGBT, ou des productions étrangères.» Et pour son architecture aussi, mélange de Beaux Arts et d’Art Déco. Et bien sûr, pour le quartier dans lequel il se trouve, fait de bars, de petits bistrots, comme le restaurant thaï aux murs lavande, qui est l’un des favoris de Jim et Matt. Ou de ce qu’ils appellent leur «crêperie», le Squat & Gobble, un bistrot de coin de rue où le personnel est «toujours adorable». «J’aime le quartier parce qu’ici, au cœur de la ville, l’homosexualité est tout à fait acceptée», précise Matt. «Et puis il y a des morceaux d’histoire ici», ajoute Jim. Comme le Twin Peaks, premier bar gay «visible», ou les murs opaques ont laissé la place à des vitrines. «Mais c’est pour un public un peu plus âgé», précise Jim, retenu. Et pouffe. «On l’appelle la salle d’attente du bon dieu.»
Après le cuir, chaps et cravaches, après les courbes du Castro Theatre et sa fragile enseigne lumineuse, changement de décor. Une touche de Brokeback Mountain. En retrait des quartiers chauds, Jim nous invite à partager un moment différent, typiquement américain. Ou presque. Isolé en zone industrielle, se trouve le Sundance Saloon. Un endroit hors du temps et où, les jeudi et les dimanche soirs, on danse «western». Bottes cowboy aux pieds, s’il vous plaît! En file ou en couple, selon les chansons. «J’ai fait beaucoup de soirées dans les clubs et de trucs disco, explique Jim. Ce que j’aime ici, c’est que l’ambiance est différente. Il n’y a pas le côté drogues et alcool de certains clubs et la danse country western est plus intime, aussi.» Mais Jim sent le scepticisme qui lui fait face: «Essayez! Ce truc, ça vous attrape et ça ne vous lâche plus!»
Et, véritablement, l’endroit est assez fascinant. Sur l’écran du fond de la salle défilent tour à tour des pin-up des années 1960, des images de films au kitsch de Pierre et Gilles et des paysages bucoliques. L’ensemble est un étrange mélange de tradition américaine, d’érotisme et d’autodérision. «Cette danse est à la fois romantique et sexuelle, explique Jim. Et ces soirées ont connu un succès croissant depuis les dix dernières années.»
Mais surtout, c’est au cours d’une soirée de Country Western Dance que Jim a fait la connaissance de Matt. Lorsque, au cours d’une danse qui exige un changement de partenaire toutes les vingt secondes, la bande son s’est rompue. Comme par magie. Mais ça, c’était il y a dix ans déjà.

Les adresses de Jim et Matt

Folsom Street Fair
Chaque année, le dernier dimanche du mois de septembre, sur Folsom Street / South of Market www.folsomstreetfair.com

Powerhouse Bar
1347 Folsom Street
www.powerhouse-sf.com

The Castro Theatre
429 Castro Street
www.castrotheatre.com

Sundance Saloon
550 Barnveld, country western tous les dimanches et jeudis
http://sundancesaloon.org