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L’Art de la branlette …ou l’école du plaisir

L’Art de la branlette …ou l’école du plaisir

Longtemps qualifié de «vice honteux qui décime la jeunesse», la masturbation n’est valorisée par les sexologues que depuis vingt ans. Petit précis de l'art de la branlette...

Comment apprendre à avoir du plaisir et s’entraîner en vue d’une relation de couple épanouie? En s’adonnant à l’art de la branlette, pardi! Rencontre avec la sexologue Réjane Marti, qui décomplexe l’onanisme.

360°: Pourquoi la masturbation est-elle importante?
Réjane Marti: Pour avoir une bonne sexualité il faut passer par le corps et sa découverte, sans cela, c’est comme espérer être propre sans se laver. La plupart des gens rencontrent leur sexe avec la masturbation. Elle permet d’apprendre, de décoder les signaux du corps, comme par exemple le point de non-retour, juste avant l’orgasme. La masturbation est une façon de se responsabiliser, puisqu’on ne compte pas sur l’autre pour nous mener à l’orgasme.

Qu’en est-il pour les hommes en particulier?
Il est important d’apprendre à décider du moment de l’éjaculation et de pouvoir attendre son ou sa partenaire. Certains hommes ne savent pas quoi faire pour se retenir de jouir. Ils pensent à des choses peu excitantes, c’est le cas de le dire, à leur grand-mère malade ou à leur perroquet qui vient de mourir (rires). Alors qu’avec certaines habiletés érotiques, ils pourraient décider du moment de l’éjaculation tout en restant investis dans la relation sexuelle.

Et pour les femmes?
La première chose qui concerne les femmes, c’est d’être capable de réaliser qu’elles sont excitées. Une femme ne décèle pas forcément son excitation. Elle lubrifie, mais sans en avoir toujours conscience. Il faut un apprentissage. Que la femme s’explore. Elle apprend à connaître si elle est clitoridienne ou vaginale, où est son ou ses points G. Son défi n’est pas de tenir plus longtemps, comme l’homme, mais de canaliser l’excitation pour arriver à l’orgasme. Elle découvrira que son vagin n’est pas excitable au frottement, mais à la pression.

Pourtant, on parle peu de la masturbation…
L’Eglise en a fait quelque chose de sale, de méprisable. Aujourd’hui, c’est toujours un tabou. Les médias véhiculent la relation sexuelle, mais pas la masturbation, qui demeure cachée. Au sein d’un couple basé sur une relation de fidélité, où les organes génitaux «appartiennent» au couple, la masturbation de son partenaire peut être perçue comme une trahison. Cela arrive pour certaines de mes clientes. Elles pensent qu’elles ne «suffisent» pas à leur mari.

Le reproche que l’on fait souvent à la masturbation est d’écarter du rapport à deux.
Disons qu’on apprend à manger seul et qu’on partage un bon repas à deux! Mais le mode ondulatoire (voir ci-contre) peut se pratiquer à deux. Par exemple pour une fellation. L’homme bascule son bassin et fait glisser son sexe dans la bouche de sa ou son partenaire. C’est plus voluptueux.

Vous parlez des trois modes excitatoires (lire ci-dessous). Le meilleur est le mode ondulatoire, mais il nécessite un plus long apprentissage…
Si l’on est programmé pendant 20 ans à jouir d’une manière, ce n’est pas facile de changer. On ne va pas jouer une symphonie après s’être assis quatre fois devant un piano de sa vie… Au début, si on est mécanique et qu’on veut devenir ondulatoire, on sera déçu. C’est normal. Il faut s’exercer. Le plus souvent possible, 15 minutes de suite.

D’où viennent les théories sur lesquelles vous vous basez?
De deux écoles québécoises. La sexocorporelle, de Jean-Yves Desjardins et la sexoanalyse de Claude Crépault. La première explore la physiologie, le physique. La deuxième le mental, le fantasme, le rêve, l’inconscient. Les deux méthodes me sont précieuses pour aborder la sexualité, selon les cas.

Quel est le but d’une masturbation de qualité ?
Le but, c’est d’être en santé sexuelle. Quelle que soit son orientation, ses préférences. Et d’être capable de plaisir. Il y a des gens qui ont une vie sexuelle intense, mais qui éprouvent en définitive peu de plaisir. Et la masturbation est une bonne école du plaisir.

Réjane Marti, sexologue, exerce à Pully (VD).

Trois modes excitatoires

L’art de la branlette, c’est aussi la méthode…

Archaïque «C’est la tension musculaire qui joue. Dans les fessiers, le périnée, les cuisses. On exerce des crispations, des tensions, on stimule parfois un endroit du corps avec la main. Les hommes, entre les bourses et la verge. Les femmes, entre l’anus et le vagin. L’excitation monte très rapidement, en quelques secondes. Mais la plupart du temps, on ne touche pas avec les mains. Le corps peut appuyer contre un coussin, ou le rebord d’un lit. C’est, qualitativement, le plus pauvre des trois modes.»

Mécanique «L’homme exerce un mouvement de va et vient régulier et rapide sur le pénis. La femme caresse rapidement son clitoris. Le corps est tendu, arque-bouté, la respiration n’est pas fluide. La montée de l’excitation n’est donc pas forcément agréable. C’est comme un soufflé: si on casse le rythme, l’excitation retombe. L’homme peut rarement contrôler son éjaculation. Et la femme qui n’est que mécanique ne va que peu ou pas ressentir ce qui se passe au niveau du vagin.»

Ondulatoire «Pour les hommes: Ce n’est pas la main qui bouge autour du sexe, mais le sexe qui bouge dans la main. On doit opérer une bascule du bassin. Le corps est souple, la respiration fluide et pleine, descend jusque dans le ventre. On joue sur le rythme, l’intensité. Le bassin ne doit pas être rigide. Il est propulsé en avant. Un peu comme un cow-boy qui sort son revolver. Il faut absolument ralentir le rythme. Le cerveau conscientise l’excitation. Si une action est lente, vous devez y penser, nécessairement. Ainsi le fait d’aller lentement permettra à votre cerveau d’emmagasiner le fait que cette nouvelle façon de faire est excitante. Ce n’est donc pas mécanique, comme le mode précédent. La tension du corps est modérée et la jouissance plus intense et mieux diffusée.
Quant à la femme, elle commence comme elle a l’habitude de procéder, puis elle va ralentir, toucher sa vulve en entier et non un endroit en particulier et introduire un doigt en elle. Il y a là deux petits points qui gonflent lors de l’excitation, comme deux petites olives. Le premier de ces points est juste après l’entrée du vagin. Il faut alors presser, masser cet endroit. La femme associe à ses gestes des mouvements de tout le corps, elle ondule! Surtout, pas d’apnée: n’hésitez pas à ouvrir la bouche et expirer en faisant un bruit. La première fois qu’une femme s’explore de cette façon, son excitation va retomber. C’est comme si elle avait mangé du piment jusque là et qu’elle voulait découvrir la saveur de la vanille. Au début, cela n’aura aucun goût! Mais persévérez!»