Bars & Clubs
#non mixte

Disco Ribelle ft. Sappho’s Drama

Berne, ven 5 avril, 21:00
Bars & Clubs

36 gr.

Genève, ven 26 avril, 23:00
Culture

Dragâteloises, The Nerd Edition

Neuchâtel, sam 6 avril, 18:30

Un havre de paix

À l’initiative de l’association d’aide aux homosexuels Schwulenberatung Berlin, un foyer d’accueil pour réfugiés a ouvert ses portes dans la capitale allemande.

Nonante. C’est le nombre d’agressions homophobes et transphobes qui ont été signalées l’an dernier dans les foyers d’accueil pour réfugiés à Berlin. «Mais nous pensons qu’en réalité il y en a eu bien plus», explique Barbara Loth (SPD), secrétaire d’État à l’Intégration du Land de Berlin. «Les migrants LGBTI ignorent souvent qu’ils ont droit à une protection contre les discriminations, donc ils ne leur vient pas à l’idée de signaler ce qu’ils subissent. Ce n’est qu’après les avoir reçus et s’être entretenu avec eux qu’ils ont ensuite le courage de porter plainte.» Elle évoque les insultes, les menaces, les crachats, les coups que subissent les demandeurs d’asile homo et trans dans les foyers d’accueil lorsqu’ils sont repérés par les autres résidents.

Des agressions répétées, qui vont parfois jusqu’au viol, et laissent de dures séquelles psychologiques aux victimes, qui ont déjà un parcours difficile et ont dû se résoudre à laisser derrière elles leur pays et leurs proches pour échapper aux discriminations. Alors qu’ils espéraient se trouver enfin en lieu sûr en s’exilant en Allemagne, ces réfugiés se retrouvent à nouveau confrontés à leurs agresseurs à leur arrivée.

Promiscuité
Dans les dizaines de centres d’hébergement d’urgence que compte la capitale allemande, ils sont contraints de vivre dans une promiscuité éprouvante. Dans les anciens hangars de l’aéroport de Tempelhof, par exemple, où sont logés depuis quelques mois plusieurs centaines de migrants, ces derniers doivent se partager des boxes de quelques mètres carrés alignés les uns à côté des autres, dans lesquels sont agencés plusieurs lits superposés. Dénuée de porte pouvant fermer à clef, l’entrée est seulement obstruée par un rideau de feutre. Dans ces conditions, les réfugiés homos et trans n’ont pas de possibilité de repli en cas de danger.

«Nous voulons protéger ces gens dès le premier jour. Le mieux était donc de créer un lieu où ils peuvent être au calme, ne pas avoir peur d’être agressé à chaque seconde», insiste Barbara Loth. Ce lieu a ouvert ses portes au mois de février dans le quartier paisible de Treptow. Loué par le Land de Berlin, qui s’est engagé pour les cinq prochaines années, le foyer est géré par l’association Schwulenberatung Berlin.

Tous les documents, traduits en anglais et en arabe, sont une invitation à ne pas rester replié sur soi et à rejoindre la grande communauté queer berlinoise.

«Les résidents savent qu’ici, on est entre nous. Toutes les personnes qui travaillent ici sont gay, lesbiennes ou trans, cela était important à nos yeux», explique Marcel de Groot, directeur de cette association qui vient en aide aux homosexuels. Il évoque d’ailleurs la panique qui s’est emparée des résidents au printemps dernier lorsque le bruit a couru qu’un réfugié fraîchement admis dans l’établissement était hétérosexuel. «Une partie des gens avec qui nous avons parlé ont eu des expériences dramatiques. Certains ont vu leur compagnon se faire tuer sous leurs yeux par des combattants de l’État islamique.»

Sécurité
L’adresse du foyer de 120 places est donc tenue secrète, les entrées et les sorties des résidents et des visiteurs sont strictement contrôlées par le service de sécurité. Une cinquantaine de réfugiés y vivent actuellement, dans une trentaine de chambres partagées ou des appartements en colocation, qui peuvent accueillir entre quatre et six personnes. La plupart des résidents sont très jeunes, et viennent non seulement des pays arabes mais aussi de Russie, de Serbie, de Turquie ou encore du Turkménistan.

Dans la salle commune de cet immeuble flambant neuf, de nombreuses réclames pour des cours d’allemand sont épinglées sur un grand panneau d’information, à côté de dépliants d’associations sportives LGBT, d’idées de sorties culturelles ou d’un mot manuscrit expliquant que les demandeurs d’asile ont droit à un tarif spécial au SchwuZ, le plus célèbre des clubs gays de Berlin. Tous ces documents, traduits en anglais et en arabe, sont une invitation à ne pas rester replié sur soi et à rejoindre la grande communauté queer berlinoise. Marcel de Groot y tient beaucoup: «Nous apprenons aux résidents à se défendre en cas d’agression, leur expliquons à qui s’adresser…Notre idée est de lier habitat et empowerment.»

» www.schwulenberatungberlin.de