Terrorisme néonazi: le repenti gay avoue avoir fourni l’arme
Arrêté le 1er février, le travailleur social Carsten S. a avoué avoir vendu un revolver à la cellule d'extrême droite de Zwickau. Il aurait servi à abattre neuf personnes.
Carsten S. a été inculpé de complicité de meurtres et de tentative de meurtre, a annoncé hier la police allemande. Ce travailleur social gay de 32 ans a admis avoir fourni à la cellule d’extrême droite Nationalsozialistischer Untergrund un revolver, probablement le Ceska 83 avec lequel les membres du trio ont abattu neuf de leurs victimes, des commerçants d’origine immigrée. Carsten S. aurait remis le revolver à ses anciens camarades fin 1999, contre 2500 marks. Son avocat précise que le jeune homme, alors âgé de 19 ans, n’aurait jamais eu vent des activités criminelles du trio avant la découverte de la cellule, à l’automne 2011.
Par ailleurs, on a appris hier que Carsten S., qui travaillait à temps partiel pour l’Aide allemande contre le sida de Düsseldorf, a été licencié. Il y avait été embauché en 2005 pour animer un groupe de jeunes gays et lesbiennes. A l’époque, il n’avait pas caché son passé dans la mouvance néonazie, mais avait indiqué avoir définitivement tourné le dos à ce milieu en 2000. L’organisation avait souhaité lui offrir une «seconde chance». Son directeur a indiqué que la décision avait été prise pour des raisons pratiques, avant l’annonce de l’inculpation. Cette dernière a coïncidé avec une cérémonie en mémoire des victimes du terrorisme de l’extrême droite au cours de laquelle la chancelière Angela Merkel a présenté ses excuses pour les manquements des autorités.
De fait, le trio a poursuivi ses opérations meurtrières pendant plus de 10 ans. La Nationalsozialistischer Untergrund (Résistance nationale-socialiste) aurait assassiné dix personnes, neuf immigrés et une fonctionnaire de police, entre 2000 et 2006, et aurait commis une longue série de braquages et d’attentats jusqu’à l’année dernière. Ils avaient notamment fait exploser une bombe dans le quartier turc de Cologne en 2004, blessant 22 personnes. Le groupe n’a été découvert qu’en novembre 2011, après le suicide de deux de ses membres à la suite d’un hold-up raté. Le troisième membre de la cellule est en prison.