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L’Arche de Noé, «Une expérience humaine de dingue»

L’Arche de Noé, «Une expérience humaine de dingue»
ELIPH PRODUCTIONS - ADNP - UGC IMAGES - TF1 STUDIO

Rencontre avec Bryan Marciano, réalisateur de L'Arche de Noé (ce mercredi dans les salles), ainsi qu'avec Valérie Lemercier et Finnegan Oldfield, les deux têtes d’affiche de ce film tonique et émouvant autour des jeunes LGBTIQ+ jetés à la rue.

Dans son premier long métrage, Bryan Marciano s’inspire d’histoires vraies pour raconter les défis qu’affrontent de jeunes LGBTIQ+ jetés à la rue par leurs parents. Le réalisateur a passé un an à les voir, à discuter avec eux, dans des lieux d’accueil de toute la France, et raconte leurs parcours dans L’Arche de Noé. Evitant le pathos, mêlant la tragédie aux drôleries du quotidien, il met en lumière les vies brisées de ces victimes qui tentent de se réparer et de trouver leur place dans la société. En dehors d’une quinzaine de personnages réunis à l’occasion d’un casting sauvage, ce film émouvant est porté par Valérie Lemercier, en directrice d’établissement, et par Finnegan Oldfield, qui l’aide, avec une certaine réticence au début, dans sa mission de sauvetage.

ELIPH PRODUCTIONS – ADNP – UGC IMAGES – TF1 STUDIO

Nous avons eu l’occasion de les rencontrer lors de leur récent passage à Genève, pour en savoir plus sur les raisons de leur engagement dans ce projet.

Bryan Marciano: «C’était pour moi une manière d’aider les autres, de leur tendre la main. Ces personnes, leurs histoires, leurs conditions de vie me touchaient énormément. Pour eux c’est la double peine de l’exclusion et la détestation de soi. Comment se reconstruire lorsqu’on est rejeté à ce point? Sans jamais une larme. Alors, les drames, les rires, le besoin de s’éclater, j’ai essayé de tout faire coexister.»

Pense-t-il qu’un tel film peut contribuer à changer les choses? «Je me vois comme un DJ lorsque soudain quelqu’un se met à danser. C’est gagné, les autres vont suivre. De même, si un père, une mère qui voit ce film se rend compte qu’il, elle, est passé·e à côté de son enfant, ce sera déjà énorme. Certes, en creux, je condamne. Mais en réalité, je souhaite davantage me réjouir que juger. Je trouve plus intéressant d’aller de l’avant. Surtout avec des comédiens imprévisibles, charismatiques, pudiques, énergiques, qui apportent des choses qui leur appartiennent.»

Finnegan Oldfield: «C’était une expérience humaine de dingue. Je me suis demandé si je serais légitime. J’arrive tel un gros paumé cisgenre qui n’a pas envie d’être là. Et puis je tombe sur une troupe des gens formidables qui connaissent bien leur texte. Je vais trouver des choses qui font écho à ma propre vie, découvrir ma voie et donner beaucoup de moi-même, comme dit Bryan. J’ai adoré le tournage, je me suis fait des amis. Le film me bouleverse et le rôle m’a marqué. C’est même celui dont je suis le plus fier.»

ELIPH PRODUCTIONS – ADNP – UGC IMAGES – TF1 STUDIO

Valérie Lemercier: «Je sortais d’Aline (mon rôle préféré entre tous) et j’avais quelques scénarios à lire. Celui-ci m’a fait rire. Il y avait dans le personnage de Noëlle des petits trucs qui me plaisaient. Et encore plus quand j’ai rencontré Bryan. Cette idée d’être dans l’action, d’avancer, de s’occuper de gens qui vont mal, de manger debout, de ne pas avoir le temps d’aller fumer sa clope, un vrai bonheur. Cela me convenait d’autant plus que je déteste ne rien faire.»

Un rôle à contre-emploi, cette mère poule peu démonstrative? «C’est vrai qu’on n’a pas l’habitude de me voir comme ça. On m’a plutôt cataloguée dans le genre grande bourgeoise. À tort. Je suis une fille d’agriculteurs, pas l’aristo de mes premiers films. J’aime ne pas être là où on m’attend. Je refuse d’être géolocalisée. J’essaye de comprendre ce que le réalisateur a rêvé, de me montrer sincère. Je ne suis pas obligée d’être drôle. Cela m’a changée de me retrouver avec ces jeunes qui souffrent. Je suis de leur côté. Je voulais être avec eux, partager avec eux.

Toujours très active, Valérie Lemercier est en train d’écrire une comédie où elle tient le rôle principal aux côtés de deux partenaires amies. «J’évoque des thèmes actuels, notamment le féminisme. Mais je ne vous en dirai pas davantage!»

L’Arche de Noé, dès le 29 novembre dans les salles romandes. Lire notre critique du film.

L’Arche de Noé, pour réparer les blessures de l’homophobie