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Journée mondiale de lutte contre le sida et objectifs d’ici à 2030

Journée mondiale de lutte contre le sida et objectifs d’ici à 2030
Adobe Stock

La Suisse s’est ralliée à l’objectif de l’ONUSIDA de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 [1]. David Haerry, président du Conseil Positif Suisse, s'exprime sur la situation actuelle.

Monsieur Haerry, la Suisse atteindra-t-elle l’objectif d’éradiquer l’épidémie de sida d’ici 2030?
A ce stade, nous ne le savons pas encore. Nous avons atteint, voire dépassé les objectifs intermédiaires [2]. Jusqu’à présent, la Suisse a eu du mal à atteindre ses objectifs d’éradication. Ils sont désormais ancrés dans le nouveau programme national de surveillance, de prévention et de contrôle des infections sexuellement transmissibles (NAPS) à partir de 2024 [3]. J’espère que nous les atteindrons. Si nous n’atteignons pas ces objectifs, qui y parviendra?

L’objectif de l’éradication est-il particulièrement difficile à atteindre?
Eradication signifie que nous n’enregistrons pratiquement plus de nouvelles infections par le VIH. Nous avons fait des progrès significatifs dans ce domaine. La PrEP [4] est efficace et utilisée. Cependant, contrairement à d’autres pays, il faut la payer soi-même en Suisse, ce qui peut être un problème pour les jeunes et les étudiant-e-s [2]. Nous travaillons actuellement à différents niveaux pour trouver des solutions afin de surmonter les obstacles d’accès particulièrement importants.
Ce qui nous préoccupe aussi, c’est la question de savoir pourquoi les gens se contaminent aujourd’hui. Les experts espèrent avoir des pistes de réponse de la «cohorte négative» de SwissPREPared. Le projet accompagne les personnes présentant un certain comportement à risque et cherche à savoir dans quels cas la PrEP échoue et pourquoi [5].

Y a-t-il d’autres obstacles?
Il est difficile d’atteindre certains groupes de personnes, y compris les jeunes hommes qui ont fait leur coming-out et mènent une vie sexuelle épanouie. Je pense aussi aux secondos issus de milieux familiaux conservateurs et aux hommes issus de milieux culturels où les contacts homosexuels ont lieu en cachette. En la matière, nous devons faire preuve d’imagination.

Les personnes hétérosexuelles ont-elles un rôle à jouer pour atteindre l’objectif 2030?
Nous devons nous attaquer aux cas des personnes hétérosexuelles qui contractent le VIH pendant les vacances. Cela concerne par exemple les femmes qui voyagent dans des pays africains et les hommes qui se rendent en Asie. Ce n’est pas un grand groupe, mais il compte pour la prévention et il est difficile à atteindre.

«Les compétences sociales régressent, ce qui se répercute également sur la communication lors des rencontres et des rapports sexuels.»
David Haerry

Photo: Goran Basic


Est-ce que le COVID-19 ou la variole du singe nous ont fait revenir en arrière?
Je ne le crois pas. Cependant, nous avons constaté une fragilité accrue chez les personnes séropositives et chez les personnes qui n’avaient pas le droit de sortir. L’Aide Suisse contre le Sida, les checkpoints et les médecins spécialistes observent une augmentation des cas de dépression. Ce qui m’inquiète davantage à long terme, c’est l’influence des médias sociaux sur la jeune génération.

Qu’entendez-vous par là?
Les gens passent beaucoup plus de temps dans l’espace virtuel au lieu de se rencontrer physiquement. Les compétences sociales régressent, ce qui se répercute également sur la communication lors des rencontres et des rapports sexuels. L’être humain n’est pas le même qu’il était il y a vingt ans. Nous devons comprendre comment cela affecte notre travail.

Comment se situe la Suisse par rapport aux autres pays en ce qui concerne 2030?
La Suisse obtient de bons résultats, en particulier en matière de traitement [2]. Dans les hôpitaux, nous avons un climat de discussion relativement ouvert et une bonne prise en charge des patient-e-s séropositif-ive-s. Les personnes diagnostiquées ont de fortes chances de recevoir un traitement, de bénéficier d’un suivi et de prendre un médicament. Dans d’autres pays, le climat de conversation ou le suivi peut être difficile. Des représentant-e-s de patient-e-s de pays d’Europe du Sud et de l’Est m’ont dit qu’il existait des structures hostiles aux patient-e-s ainsi que des discriminations dans le système de santé. A mon avis, la Suisse est sur la bonne voie, au même titre que les Pays-Bas, la Suède ou le Danemark.

La Suisse a atteint l’objectif intermédiaire 90-90-90. Selon vous, qu’est-ce qui a contribué à ce succès?
De bons traitements bien tolérés et une bonne prise en charge dans les cliniques, ainsi qu’une excellente observance thérapeutique – c’est-à-dire un bon respect du traitement convenu. Cela est également dû au fait que le traitement est devenu très simple aujourd’hui. Le matin après le réveil, on prend une pilule lors de la toilette matinale. Il n’est plus nécessaire d’emporter des médicaments au bureau ou d’y penser le soir. Il existe probablement de nombreuses colocations ou partenariats dans lesquels les autres ne sont pas au courant du traitement contre le VIH. Ce que nous avons réalisé en termes d’observance thérapeutique en ce qui concerne le VIH est sensationnel [6].

Qu’en est-il de la discrimination et de la stigmatisation: est-ce que l’ONUSIDA donne aussi des objectifs en la matière?
Nous nous débattons avec cela depuis 40 ans. Il est difficile de fixer un objectif. Dans les environnements sociaux tels que la famille et le cercle d’ami-e-s, la situation s’est améliorée. A mon avis, des difficultés persistent sur le lieu de travail ou lorsque l’on fait une nouvelle connaissance. Cela a à voir avec des peurs profondément ancrées.
Nous devons également nous concentrer sur la façon dont les personnes séropositives vivent. La solitude et le bien-être mental sont des aspects que le COVID-19 a exacerbés. Lorsque l’on prend de l’âge, poursuivre son traitement n’est pas aussi simple qu’on le pense. Certain-e-s patient-e-s prennent du poids, d’autres développent des problèmes de foie [7]. Comment se passe le traitement en maison de retraite? Il y a encore beaucoup à faire. Même si nous atteignons les objectifs 2030, nous ne devons pas oublier les personnes séropositives.

ViiV Healthcare

ViiV Healthcare se concentre sur la recherche de nouveaux médicaments pour améliorer les résultats du traitement pour les personnes atteintes du VIH. Cela nous permet de mieux comprendre la maladie et la manière de la prévenir et de la traiter.
Nous sensibilisons les personnes atteintes du VIH à leur santé et nous nous mobilisons pour battre en brèche les préjugés sur le VIH.
– viivhealthcare.com

NP-CH-HVU-WCNT-230008/02.23

[1] ONUSIDA. Fast-track commitments to end AIDS by 2030. Disponible sur: unaids.org. Consulté le: 17.05.2023.
[2] Office fédéral de la santé publique OFSP. Infections sexuellement transmissibles et hépatites B/C en Suisse en 2021: survol épidémiologique. OFSP-Bulletin 45 du 7.11.2022 Disponible sur: www.bag.admin.ch.
[3] L’interview a été réalisée début mars 2023. Pour le projet du nouveau programme national, une consultation publique suivie d’une mise à jour était prévue au début de l’été 2023, avant son adoption par le Conseil fédéral et son entrée en vigueur au plus tôt en janvier 2024. Voir aussi www.bag.admin.ch
[4] PrEP signifie prophylaxie préexposition et est un médicament sous forme de comprimés. Pris correctement, il protège les personnes séronégatives contre une infection par le VIH.
[5] Weber M, Nicca D, Schmidt AJ, et al. HIV-Prä-Expositionsprophylaxe in der Schweiz. Swiss Med Forum. 2021;21(3738):632-6.
[6] Glass TR, De Geest S, Weber R, et al. Correlates of self-reported nonadherence to antiretroviral therapy in HIV-infected patients: the Swiss HIV Cohort Study. J Acquir Immune Defic Syndr. 2006;41(3):385-92.
[7] Chawla A, Wang C, Patton C, et al. A Review of Long-Term Toxicity of Antiretroviral Treatment Regimens and Implications for an Aging Population. Infect Dis Ther. 2018;7(2):183-95.