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Les enfers en dentelle noire

Les enfers en dentelle noire
Indecent Desires (1968)

Pour sa 22e édition, le Lausanne Underground Film Festival continue d’explorer les créations artistiques à la marge. Cette année, la rencontre lausannoise propose un coup de projecteur sur une figure du cinéma underground longtemps oubliée: Doris Wishman.  

Son nom ne vous dit peut-être rien, Doris Wishman. Et pourtant, cette réalisatrice américaine née en 1912 a connu un regain de visibilité au crépuscule de sa vie dans les années 90. Pour comprendre cet intérêt tardif, il faut d’abord revenir à l’aube des sixties.
 
Jusqu’en à la fin des années 1950, la nudité à l’écran était jugée comme obscène au pays de l’oncle Sam. C’est le film de Max Nosseck, Garden of Eden (1954), (Jardin de l’Eden en VF) qui va ouvrir la porte à un assouplissement de la dépiction de la nudité à l’écran. S’ensuivit l’émergence d’un genre marginal du septième art appelé «sexploitation» et qui portait à l’image des situations sexuelles qualifiées de «non explicites». C’est ce genre-là que Wishman explore tout au long de sa carrière, qui débute en 1960 avec Hideout in the Sun.

Nude on the Moon (1961)

Les histoires comptées par la réalisatrice née à New York sont empreintes de hardiesse et de fantaisie. Par exemple, Nude on the Moon (1961) nous fait suivre l’aventure de deux scientifiques partis sur la Lune et qui font la rencontre d’une colonie féminine aux seins nus emmenée par une reine qui pratique la télépathie. Dans Bad Girls Go to Hell (1965), on est témoin de la fuite du personnage central féminin – une femme au foyer – déclenchée par le meurtre du gardien d’immeuble qui l’a agressée. Le LUFF, qui projette ce film dans le cadre de sa sélection, nous promet une «descente aux enfers hallucinatoire et en dentelle noire». On retrouve d’ailleurs une dimension de polar à l’œuvre de l’américaine, ce qu’elle continuera à explorer, notamment dans son film Double Agent 73, de 1974, maladroitement traduit par Supernichons contre mafia.

Nouvelle légitimité

Longtemps oublié, c’est la VHS et les 90s qui vont populariser le travail de Wishman, notamment par le biais de Something Weird Video, société spécialisée dans la distribution de films undergrounds. Et c’est ainsi que, auréolée d’une nouvelle légitimité, la réalisatrice reprendra la caméra à la fin de sa vie et réalisera son ultime film, Dildo Heaven (2002), au vénérable âge de 90 ans.

Pour commenter et mettre en dialogue le travail de Doris Wishman, le LUFF invite la cinéaste expérimentale et vidéaste américaine Peggy Ahwesh pour une rétrospective croisée. Ahwesh connaît bien l’œuvre de la défunte réalisatrice et dit de son travail qu’il fait résonner «la peur et l’hostilité envers les femmes dans notre monde, que Doris décrit à sa manière, profonde et sordide». Le LUFF nous propose donc, à travers cette mise en dialogue, d’explorer un double regard sans concession sur la condition féminine. Une réalité mise en lumière par le biais d’un nouveau droit acquis il y a 70 ans aux USA, celui d’exposer le corps nu à l’écran. À ne manquer sous aucun prétexte!

Lausanne Underground Film Festival
Du 18 au 22 octobre à Lausanne
Programme complet sur 2023.luff.ch