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Dissection d’un couple

Dissection d’un couple
Swann Arlaud et Sandra Hüller dans Anatomie d’une chute . © Les Films Pelléas Les Films de Pierre

Dans Anatomie d’une chute, visible dès mercredi dans les salles romandes, Justine Triet brosse le remarquable portrait d’une femme bisexuelle complexe que tout accuse de la mort de son mari. Le film a remporté une incontestable Palme d’or.

Sandra, écrivaine à succès, vit dans un chalet isolé à la montagne avec Samuel, romancier lui aussi mais beaucoup moins inspiré, et Daniel, leur fils malvoyant. Un jour, Samuel est retrouvé sans vie au pied de la maison. Faute d’explications tangibles, une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée, malgré l’incertitude sur ce qu’il s’est réellement passé. Un an plus tard démarre un long procès auquel Daniel assiste, découvrant alors l’histoire de ses parents, dont la relation est méthodiquement disséquée. 
 
Tout débute par un entretien confus entre Sandra et une étudiante, vague dans ses questions, lorsqu’une musique assourdissante retentit à l’étage où travaille Samuel, empêchant la poursuite de l’interview. La jeune femme s’en va et puis c’est la chute, mortelle, la découverte de trainées de sang bizarres le long du mur…
 

Au-delà du film de procès

 
Le doute s’installe, Accident, meurtre, suicide? Samuel avait des raisons de se donner la mort et Sandra en avait de le tuer. Justine Triet met alors les spectateur·ice·x·s dans la peau des jurés·e·x·s, amené·e·x·s elleux aussi à analyser méticuleusement la vie de Sandra et Samuel, leurs qualités, leurs failles, leurs névroses, leurs disputes – enregistrées de surcroît par le mari – leur rivalité d’artistes, leurs rapports de pouvoir, de domination. 

Brillamment écrit par la cinéaste et son compagnon, l’acteur Arthur Harari, Anatomie d’une chute va évidemment au-delà du thriller judiciaire. La chute du corps symbolise celle du couple et l’érosion de la passion. Impressionnant, captivant, l’opus nous embarque pour ne plus nous lâcher pendant 150 minutes. 

Logique, car il est en outre magistralement interprété par la comédienne allemande Sandra Hüller. Elle n’incarne pas seulement, elle «est» cette auteure célèbre, complexe, indéchiffrable, insaisissable, parfois violente, qui assume sa liberté, ses choix, sa bisexualité. Elle sera utilisée contre elle. C’est une femme forte qui veut tout avoir, à qui tout réussit, ce qui la rend d’autant plus suspecte. Autour d’elle évoluent deux importants personnages permettant à Justine Triet et à son co-scénariste de démonter les mécanismes de la justice. À commencer par le procureur général, redoutable manipulateur campé par Antoine Reinartz, bien décidé à faire condamner Sandra qu’il estime coupable et qui fait tout son possible pour convaincre le jury en contrant l’avocat de la défense, joué par Swann Arlaud. Leur duo donne lieu à de formidables joutes oratoires, tenant du théâtre. 

On n’oubliera pas, dans le rôle de Daniel, le fils de Sandra, Milo Machado Graner. La confiance qu’il avait en sa mère se transforme en un doute qu’il nous transmet. Enfin, on a une pensée pour Sophie Fillières, décédée le 21 juillet dernier, qui interprète Monica, chargée de garder le garçon.

Dès le 23 août dans les salles de Suisse romande