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Maud Geffray: «Aujourd’hui, plus de filles sont programmées dans le milieu électro, c’est lent, mais ça bouge!»

Maud Geffray: «Aujourd’hui, plus de filles sont programmées dans le milieu électro, c’est lent, mais ça bouge!»

Véritable papesse de la scène electro française, Maud Geffray, aussi connue comme la moitié du duo Scratch Massive, nous embarque dans une nouvelle envolée cosmique.

Maud Geffray est de retour avec son deuxième album solo AD ASTRA. Comme une suite logique à son précédent album POLAAR, ce nouvel opus sonne pourtant plus pop, lumineux et solaire. Nous l’avons rencontrée pour parler avec elle de sa musique, de ses clips engagés et de la place des femmes sur la scène électro.

Pour les personnes qui ne connaissent pas encore ta musique, comment la définirais-tu?

Je la qualifierais comme une musique électronique assez mélancolique, avec un côté romantique-emo, quelque chose de dark mais avec de l’espoir.

Comment te sens-tu là juste avant la sortie de ton nouvel album?

C’est une période assez bizarre, on est moins dans la difficulté de la phase de création, pourtant ça fait toujours un peu peur car les gens vont avoir l’album dans les mains, le juger. Va-t-il être compris? C’est un peu inquiétant, mais j’essaie de rester focus et de travailler sur le live.

Tu poses encore une fois devant un bâtiment à l’esthétique brutaliste sur la pochette, ce rapprochement est-il conscient?

Je travaille avec une photographe qui s’appelle Alexia Caire, c’est une amie de longue date, je lui ai toujours confié mes photos. Après avoir écouté l’album, Alexia a souhaité qu’on reste dans ce même esprit, mais cette fois avec un shoot à Saint-Nazaire, ma ville natale, caractérisée par son architecture post-guerres mondiales et très brutaliste, justement. Ce choix de lieu fait également écho au morceau I Fall At 5 avec Rebeka Warrior, qui vient elle aussi de la même ville. Sur cette cover, on aperçoit une soucoupe, ce bâtiment est dingue et il collait parfaitement avec le titre de mon album AD ASTRA (Vers les étoiles). C’est une esthétique qui correspond vraiment à ce disque.

Quel a été le processus de création de ce nouvel album aux sonorités plus pop que tes précédentes créations? 

Si on reprend l’album POLAAR, il avait un univers et une thématique bien précise. Je m’étais rendue en Laponie pendant les mois d’hiver pour travailler sur un projet, une commande du Louvre. Nous devions proposer un travail musical et visuel. L’album POLAAR a vu le jour suite à ce travail. Pour AD ASTRA, je suis partie de la page blanche, c’était très nouveau pour moi. J’ai profité de la pandémie pour composer, j’avais enfin ce temps. Ensuite j’ai mis en place ces morceaux comme une sorte d’éveil. Puis pour clore, un morceau très nocturne et solitaire. Je cherchais à obtenir une cohérence dans cet album, qu’il soit varié avec un élan vital.

En référence à ton clip Break (ndlr: pépite d’avril), comment en es-tu arrivée à ce narratif d’amour queer positif trop peu représenté?

Mon label m’a proposé plusieurs réalisatrices et réalisateurs, j’ai tout de suite eu un coup de cœur pour le travail de Roxanne Gaucherand. Je trouvais ce sujet fort sociétalement et je savais qu’elle le maîtrisait. J’ai adoré cette perspective de mettre en scène ces personnages dans un environnement qui ne soit pas branché et festif.

Dans ton 2e clip, Way Out, tu mets en avant une ouvrière du textile dans son quotidien précaire et terne, rappelant le vécu d’une personne marginalisée par la société…

Je n’avais pas envie de me mettre en avant en faisant du lipsync dans les clips. Pour moi, il est important d’avoir ce genre de récit, de laisser la parole aussi à ces personnes-là, tout en laissant son égo de côté. J’aimais ce côté documentaire sur les industries textiles où l’on voit cette femme qui est malade de son travail au quotidien. Ensuite l’imaginaire prend place avec cette échappatoire, comme le titre du morceau, Way Out.

Tu seras présente au Belluard Bollwerk Festival le 25 juin à Fribourg, que nous prépares-tu pour tes lives?

Que ce soit le live ou le DJ set, j’aménage mon set avec des inédits de l’album, je travaille des versions un peu plus techno pour la scène.

On t’a connue dans l’univers lesbien des Wet for Me de Paris, comment as-tu évolué dans ce milieu et quel rapport gardes-tu avec la scène lesbienne et queer?

J’ai démarré au Pulp de Paris, je garde cet esprit de famille comme pour les soirées Wet. C’est là que tout a commencé, c’est un milieu qui compte beaucoup.

Observes-tu des changements ces dernières années en termes d’égalité et d’inclusivité dans le milieu électro?

Beaucoup de jeunes femmes s’y mettent. A l’époque où je me suis lancée, ça inquiétait tout le monde dans mon entourage. Clairement, les filles se permettent plus aujourd’hui, elles ont un petit peu plus de place dans les programmations, c’est lent, mais ça bouge. Aujourd’hui je reçois beaucoup de messages de jeunes nanas qui me posent des questions, je trouve ça génial!

Si tu avais la possibilité de créer la meilleure line up féminine pour une teuf, ça serait quoi?

Ce ne serait pas forcément que techno, mais par exemple un live de Sevdaliza, suivi d’un set d’Helena Hauff, et une petite apparition de Sexy Sushi, ça fait longtemps qu’on les a pas vues, on pourrait imaginer quelque chose comme ça!

Trop bien, c’est une fête à laquelle on adorerait aller! 

AD ASTRA – nouvel album de Maud Geffray (Pan European Recordings)