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Riethauser l’intrépide

Riethauser l’intrépide

Ce cinéaste et militant a fait de la cause homosexuelle un élément central de son parcours. Portrait d’un Genevois qui n’a pas peur de faire éclater les carcans sociaux.

Stéphane Riethauser vit à 100 à l’heure. Ce Genevois d’origine ne tient pas en place. Successivement enseignant, journaliste, photographe amateur, militant de la cause homosexuelle, traducteur, réalisateur… Son parcours donne le vertige et se moque bien de ceux qui sont tout tracés. A 44 ans, Stéphane Riethauser n’a l’air de ne connaître ni les limites, ni la mesure… Il a toujours un projet en route, un film à réaliser, un rendez-vous qui l’attend, une cause à défendre. Lorsque je le contacte pour faire son portrait, nous sommes en plein festival du film de Berlin, ville dans laquelle il habite depuis huit ans. Son agenda est plus que jamais surbooké et notre rendez-vous téléphonique se cale quelque part entre une immense fête qu’il organise et d’autres rendez-vous de cinéma… Et le cinéma, Stéphane Riethauser en a fait sa priorité. Celui qui s’est notamment fait connaître grâce à son ouvrage «A visage découvert», un livre de portraits de jeunes gays et lesbiennes de Suisse romande, se consacre aujourd’hui essentiellement au septième art. L’un des dénominateurs communs de ses films est l’homosexualité. Un sujet qu’il a porté à l’écran mais aussi le poing levé.

Au cœur de Berlin
Sa dernière réalisation est un documentaire qui s’intitule «Le Jardin des étoiles». Le film tourne autour d’une étonnante personnalité. Celle de Ichgola Androgyn qui a ouvert le premier café funéraire d’Allemagne. Il se trouve dans un cimetière de Schöneberg à Berlin. «Dans les années 70 et 80, le quartier était l’épicentre du mouvement gay, détaille le réalisateur. Raison pour laquelle des centaines d’homosexuels ont été enterrés là alors que l’épidémie du sida battait son plein. A côté, on trouve des carrés spéciaux où l’on enterre les enfants mort-nés.» Le lieu est hors norme et le personnage qui règne sur cet endroit est si extraordinaire que Stéphane Riethauser y voit une histoire singulière à raconter.

Garten der Sterne – Trailer from Stéphane Riethauser on Vimeo.

Avec son complice Pasquale Plastino, il tourne pendant un an et demi et se charge de faire tout ou presque, de la caméra au son en passant par les interviews. «C’est un film fait de bouts de ficelle, sans argent. Mais je m’en foutais. J’avais besoin d’être derrière la caméra et de sortir de mon bureau.» Le résultat est un conte sur la mort inspiré d’une histoire des frères Grimm, eux-mêmes enterrés dans le cimetière. Le propos est difficile, l’angle singulier, l’univers hors du commun mais Stéphane Riethauser est intrépide. Il aime sortir des sentiers battus et pourtant, rien ne l’y ne prédestinait.

Changement de route
«J’ai fait mon coming out à 22 ans», lance le cinéaste. De son enfance au début de sa vie d’adulte, il grandit en se conformant à la norme. Pour lui, elle ressemblait à une vue sur le lac depuis la rive gauche genevoise. «J’ai évolué dans un milieu très privilégié, bourgeois et libéral mais très cloisonné. Il y avait un modèle de vie à suivre. J’ai fait le Collège Calvin comme mon père avant moi. J’ai ensuite poursuivi des études de droit parce que c’était ce qu’il fallait faire. Je suis allé à l’armée. J’étais de droite et j’étais sexiste. Je me disais que j’allais suivre la voie de papa, reprendre son entreprise et me marier. Je refoulais complètement mon homosexualité jusqu’au jour où le désir est devenu si fort que je ne pouvais plus le nier. J’en ai alors parlé à ma famille.» Cette affirmation de son identité sexuelle devient alors le terreau fertile de la construction de sa vision du monde et de son engagement. «En faisant mon coming-out, j’ai compris mon ignorance».

Stéphane Riethauser travaille alors pendants plusieurs années au sein d’associations LGBT aux Etats-Unis et en Suisse. Il s’intéresse plus particulièrement à la lutte contre l’homophobie en milieu scolaire. En 1999, il fonde même Lambda Education, un label au nom duquel il donne des conférences et des séminaires de sensibilisation à l’homophobie. L’année suivante, il publie son ouvrage A visage découvert. Après la plume, c’est la caméra qui l’intéresse. A 31 ans, il réussit le concours de la RTS et commence une formation de réalisateur. Pendant cinq ans il travaille pour les programmes «Temps Présent» ou encore «Illico».

Tout a l’air de lui réussir. «J’aurais pu continuer encore longtemps au sein de la RTS mais j’avais envie d’aller vivre à Berlin. Cette ville m’avait toujours attiré et je me suis dit que c’était le moment ou jamais de partir. C’était aussi l’occasion de commencer à réaliser mes propres films.» Il accouche alors de son premier court métrage, «Prora», qui fait le tour du monde des festivals et remporte de nombreux prix. Stéphane Riethauser fait partie de ceux qui vont jusqu’au bout de leurs rêves. Tous azimuts. Il met actuellement la touche finale à un projet très personnel: un documentaire sur l’identité de genre qui relate son parcours et celui de sa grand-mère. Lorsqu’on lui demande aujourd’hui quel est son prochain défi, il répond «réaliser mon premier long métrage de fiction». Gageons qu’il y arrivera.

One thought on “Riethauser l’intrépide

  1. “Gageons qu’il y arrivera” !
    C’est peu dire ! – Stéphane a le talent pour ce faire, et il le sait. – Malgré les vicissitudes plurielles liées à cette ‘profession’ ! – J’attends un peu cet événement comme j’ai attendu durant des décennies les premiers films d’amour gay sur le grand écran de mes nuits blanches de mes vingts ans. – Vingt dieux – Comme le temps file !

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