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Pop des antipodes

Le jeune Néo-Zélandais Eddie Johnston, alias Lontalius, sort un premier album prometteur, atmosphérique et fragile, drapé dans les langueurs de l’adolescence.

A quoi peut bien ressembler la Nouvelle Zélande dans le regard d’un adolescent hyper-sensible? Le jeune producteur/compositeur/chanteur Lontalius, même pas 20 ans, étend ses ballades évaporées et solitaires comme les ombres du soir sur un terrain de baseball désert. Le musicien, Eddie Johnston de son vrai nom, vient de publier un premier album tout en glacis sonores et en mélancolie susurrée. Son titre: «I’ll Forget 17». Ici, nulle infra-basse urbaine, ni club moite, ni guitares rebelles. La pop de Lontalius est une affaire de mélodie en creux et de mélancolie rentrée.

Spleen étrange
«I’ll Forget 17» a l’exotisme des petites villes anonymes, des drugstores désuets et des coffee shops sur lesquels le temps n’a pas prise. En une dizaine de titres, l’album distille un spleen étrange, nostalgie de ce qui n’est pas encore advenu, de ce qui n’adviendra peut-être même pas. On est si sérieux, lorsqu’on a 17 ans.

Le clip de «All I Wanna Say», éclos sur YouTube il y a quelques mois, révélait déjà des nappes de claviers fuyants comme le crépuscule, et la fragilité d’une voix perchée, effleurée, caractéristique. Musique de plaines assoupies, que deux garçons parcourent à vélo: tandis que les avions de ligne décollent lentement dans l’obscurité, promis à quelques rêves de grandes villes lointaines, les deux complices allument les feux de Bengale de leur adolescence bientôt envolée. Scintillements, innocence brûlée et premiers émois.

Berceuse atmosphérique
«J’aime les chansons tristes, et je ne sais pas pourquoi», déclarait Eddie Johnston il y a peu au site web The Fader. «J’aime cet entre-deux, à trois heures du mat’, lorsque je ne sais pas si je suis heureux ou désespéré, et que j’écoute une playlist de Drake.» Il y a quelque chose de Sigur Rós dans les instrumentations et la prosodie de Lontalius, une propension à la berceuse atmosphérique qui tomberait dans l’inconsistance si Johnston n’avait pas, justement, cet ancrage dans la culture r’n’b qui confère leur architecture à ses compositions. Ciara, Beyonce, Pharrell: ce sont ces reprises lofi et minimales, postées sur son compte SoundCloud, aux premières heures de Lontalius, qui valent à Eddie de se faire remarquer par quelques blogueurs et autres chasseurs de talent.

«J’aime cet entre-deux, lorsque je ne sais pas si je suis heureux ou désespéré.» Eddie Johnston

Des reprises, oui, mais qui se démarquent par la marge plutôt que la référence. Ré-harmonisées, épurées, passées au crible synthétique typique de la sonorité Lontalius, les tracks originales sont méconnaissables. On y décèle une volonté d’éviter la citation, de dépasser l’appropriation et l’imitation, si communes sur la scène électronique. «Tous les styles de musique que j’aime viennent des Blacks, des gays, des immigrants», aime à dire Eddie Johnston. «Mais j’aimerais autant que possible éviter la récupération, les effets de mode.»

Métamorphoses
A ce titre, le jeune homme fait même l’effort d’échapper à son propre univers: il mène, en parallèle à Lontalius, un autre projet sous le pseudo Race Banyon, orienté plus directement vers l’électro, la trap music, voire le rap (et d’ores et déjà repéré par Red Bull et Converse). Promise à de belles métamorphoses, l’esthétique d’Eddie Johnston est encore à l’état de chrysalide. C’est justement la signification de Lontalius, un nom glané au détour de Wikipédia: il fait référence à un papillon rare et longtemps méconnu, découvert dans les années 1980 quelque part aux confins des forêts de Bornéo. L’appel des antipodes.

» «I’ll Forget 17» de Lontalius est déjà disponible.