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«Ander» ou la solitude du coming out rural

L’Espagnol Roberto Caston filme avec un réalisme sans glamour l’homosexualité masculine dans un bled perdu du Pays basque. Une réussite.

On a pu renvoyer hâtivement Ander à Brokeback Mountain. Mais s’il y fait vaguement penser en raison du milieu rural dans lequel l’intrigue se déroule, le film de l’Espagnol Roberto Caston est en même temps complètement autre. Et sa différence ne tient pas seulement au côté moins glamour que celui de la liaison secrète de deux cowboy dans le Wyoming de 1963, mis en scène par Ang Lee.

Ici nous passons en l’an 2000, dans le Pays basque. Divisant son film en trois chapitres, évoquant des histoires parallèles d’amours cachées, le réalisateur (par ailleurs directeur du festival LGBT de Bilbao) se concentre sur celle d’Ander. Paysan ordinaire à la quarantaine avancée, ce célibataire taiseux, pas très gâté par la nature, vit dans un bled perdu avec sa sœur Arantxa et sa vieille mère en mauvaise santé. Tout en s’occupant de la ferme, il est employé au village voisin pour arrondir les fins de mois.

Lever à l’aube, traite des vaches, travail à l’usine, au jardin, ses journées s’écoulent, monotones, ponctuées par les repas, en compagnie des deux femmes, avec la télévision en bruit de fond. Le soir, il écoute la radio dans son lit. Seul.

Le retour du refoulé
Les choses vont pourtant changer. Arantxa doit se marier et les préparatifs de la noce ne lui permettent plus d’aider son frère. Lorsqu’en plus il se casse une jambe, Ander est obligé d’accepter l’engagement de José, un jeune ouvrier agricole, immigré Péruvien. Son arrivée va tout bouleverser. A commencer par Ander, qui commence à éprouver des sentiments inavouables, encore plus difficiles à assumer sous les yeux inquisiteurs d’une mère autoritaire, psychorigide, attentive aux moindres regards révélateurs, aux gestes furtifs. Le fils supporte de plus en plus mal cette présence réprobatrice, et ce qui devait arriver arrive. Mais après avoir cédé à José lors du mariage de sa sœur, il se sentira responsable de la mort de sa mère.
On peut trouver trop évidente la façon de Roberto Caston de nous amener à comprendre l’éveil d’Ander à sa sexualité. Mais tout comme la lenteur du récit, elle correspond à la nature des protagonistes, et à l’évolution difficile d’une relation dans un tel environnement. Tout en retenue, l’opus se révèle très réaliste, entre crudité et pudeur, rudesse et délicatesse. Il touche par la vérité des personnages, leur émouvante sincérité. La qualité de l’interprétation contribue beaucoup à la réussite de ce premier long-métrage, présenté au festival Everybody’s Perfect en novembre 2010.

Sur les écrans à Genève (Bio) et Lausanne (Zinéma) dès le 9 février.