Rösti et la patate chaude LGBTIQ+
Rouge aux joues, sourire de premier de la classe: voilà l’image que renvoyait Albert Rösti
Rouge aux joues, sourire de premier de la classe: voilà l’image que renvoyait Albert Rösti le 7 décembre au Palais fédéral. Le nouveau conseiller fédéral venait d’accepter son élection. A priori, pas grand chose à attendre du quotient queer de ce Bernois de 55 ans, ex-président d’une UDC alors plutôt en perte de vitesse, mais essayons quand même…
«Il y a des sujets plus importants»
La décennie 2010 donne lieu à son lot d’âneries hompohobes de la part d’élus UDC. On se souvient des gais au «cerveau à l’envers» du conseiller national Toni Bortoluzzi ou de leur «muscle anal qui ne tient plus comme il devrait», dixit le député zurichois Daniel Regli. Une réaction, M. Rösti? Il y a des sujets plus importants, réagit-il en substance. Même agacement lorsqu’on l’interroge sur les membres LGBTIQ+ de son parti ou sur la question trans. «Quand je vois des propositions pour créer des WC pour le troisième genre dans les écoles, j’ai l’impression que tout va trop bien dans ce pays», ironise-t-il. C’est ça, occupons-nous des vrais problèmes…
Norme pénale, pour quoi faire?
…Comme la discrimination ou les crimes de haine, par exemple! En 2018, le Parlement adopte l’extension de la norme pénale antiraciste à l’homophobie malgré l’opposition de l’UDC, qui anime une campagne sur le mode «on-peut-plus-rien-dire», «sauvez-les-blagues-de-comptoir». Rösti reste discret et n’associe pas le parti au référendum contre la loi. D’autres ténors du parti et sa turbulente section Jeunes s’en chargent. Le Bernois les encourage gentiment dans cet effort, lequel se solde par un flop, la norme pénale étant plébiscitée en février 2020. Réagissant à cette défaite, il minimise une réforme «qui ne change pas grand chose». Et on ne peut pas lui donner tort, vu la difficulté à appliquer le texte.
Mariage à l’ancienne
«Le mariage, c’est clairement l’union d’un homme et d’une femme, et cette limite, nous devons la préserver», martèle Albert Rösti avant la votation sur le mariage pour tous. On ne se refait pas: ce père de famille élevé dans le très conservateur Oberland bernois vote contre l’ouverture du mariage, contrairement à une minorité substantielle de ses collègues UDC aux Chambres. Sur ce plan, au moins, le Nein est clair et net. Il l’est plus encore quand il s’agit de reconnaissance des familles arc-en-ciel. «Notre système de valeurs est basé sur des valeurs chrétiennes», rappelle-t-il dans la «Schweiz am Wochenende» en 2017.
Conclusion
Si son attitude est moins hostile que celle d’un Marco Chiesa ou d’un Roger Köppel, qui ont flairé le potentiel politique du discours anti-woke, la queeritude d’Albert Rösti approche le zéro. Notre nouveau conseiller fédéral préfère causer bagnole et carburant, dont il a couvé les lobbies avec amour. Ça tombe bien, il a récupéré le DETEC, ministère chapeautant transports, énergie et… hmm, environnement. On subodore que ce dernier domaine le passionne tout autant que la communauté LGBTIQ+.