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360°, premier du nom

360°, premier du nom

Alors que le magazine souffle cette année ses 25 bougies, nous vous proposons une excursion historique dans ses premières pages: direction juillet 1998!

Cet été-là, la France se rêve black-blanc-beur après avoir vaincu le Brésil lors de la Coupe du monde de foot. On s’époumone sur la reprise de I Will Survive et on bave pour le trio Patrick Fiori, Garou et Daniel Lavoie, qui interprète Belle de Notre Dame de Paris. Au même moment, paraît la première édition de 360°. Le format A4 est plus grand que celui que vous tenez dans vos mains, la couverture estivale présente un ventilateur arc-en-ciel et trois pictogrammes de couples: deux femmes, un homme et une femme, deux hommes. 

Littérature, musique et horoscope 
Certaines rubriques sont déjà au sommaire, notamment la chronique littéraire ou musicale ou encore l’horoscope. Balance, on vous promet «une pêche indécente». Gémeaux, «trop de bonheur». 

Certains clichés semblent déjà avoir la peau dure, puisque ce numéro s’attèle à démolir des représentations éculées sur un Fribourg endormi, qui vient de voir naître l’association Sarigai. Extrait au sujet des Grand-Places dans les années 60-70, au cœur de la ville catholique: «À cette époque, on se retrouvait entre copains, on faisait la fête […] Il y en avait du monde. Du syndic d’un village environnant aux curés du coin, fallait voire ça. Des paysans venaient amener leurs bêtes aux abattoirs, alors tout proches, en fin de journée. Un bon prétexte pour traîner ensuite dans les environs.» confie alors Jean-Claude Gerzner, dit La Gitane. Fribourg organisera d’ailleurs l’année suivante sa première Pride. Dans ce numéro, on découvre aussi l’interview d’Alain Kissling, coordinateur de la Pride lausannoise de 1998.

Alors même que le terme pinkwashing n’existe pas encore, les publicités sont nombreuses et reflètent définitivement l’air du temps. On remarque une pub pour un magasin de piercings (l’anneau à l’arcade, vous vous souvenez?), une autre pour le lait (si si, le bon vieux lait de vache, dont il est préconisé de consommer «trois verres par jour») ou encore pour la soirée mousse du Mad: «old shoes, sexy shorts» précise l’annonce minimaliste qui pourrait encore paraître aujourd’hui. 

Pour les choses qui ont changé
On regrette amèrement la disparition des petites annonces, qui vont de la très chaste «Pianiste amateur (terminale) cherche violoniste et/ou violoncelliste pour jouer musique de chambre (sans jeu de mots)» à la plus suggestive «JH de mauvaise vie, 28, grand, charmeur et charmant, malsain, fumeur, cherche JH insignifiant et indépendant, âge et taille en rapport, prêt à partager ses lubies, fantasmes mais pas sa vie. Photo = Hygiène assurée.» Des intéressé·e·x·s?

On contemple également les changements en termes de vocabulaire. Cathy Macherel, première rédactrice en chef du magazine ouvre son édito inaugural par ces mots: «Avec 360° naît le premier magazine romand à sensibilité homosexuelle.» Ceci nous rappelle que rien n’est plus évolutif que le langage, nous en sommes les premier·ère·x·s témoins au quotidien. On ne peut que se réjouir d’une langue qui bouge, qui a été forgée, et continue encore à l’être, pour s’adapter aux réalités multiples et complexes de la communauté LGBTIQ+. 

Toujours du côté du changement, on découvre avec soulagement que l’on s’est éloigné·e·x·s de la prévention contre le VIH de ces années-là. En avant-dernière page, l’Aide suisse contre le sida (ASS) interpelle le lectorat sous ce titre qui va droit au but: «La relation de couple ou l’illusion d’être à l’abri du sida.» Et de poursuivre «Joël et Sébastien apprécient leur moments d’intimité. Ils vivent une relation de couple. […] Sont-ils plus à l’abri du SIDA? Non. Au contraire, la relation de couple est aussi une situation à risque.» L’annonce représente un couple d’hommes souriants qui s’enlacent dans ce qui semble être l’intimité de leur appartement. On ne peut que souligner le mérite de l’ASS qui adresse frontalement les questions de la vie de couple et du virus alors que les premiers résultats prometteurs des trithérapies ont tout juste deux ans. 

Défendre l’ouverture et le rapprochement
Au moment de sa naissance, quel est l’objectif affiché du magazine? Cathy Macherel, toujours dans son édito, l’annonce fièrement: «360°, comme son nom le suggère, entend défendre l’ouverture et le rapprochement entre les gays, les lesbiennes et les hétérosexuels. […] S’interroger sur les frontières identitaires ou jouer sur celles des genres, tels sont les angles passionnants et ludiques que 360° a choisi de vous faire partager.» Vingt-cinq ans plus tard, l’objectif reste le même.