Genève

Barbi Recanati

dim 26 mai, 20:00
Genève
#exposition

Ex-eroticis: Art et fierté du livre secret

ven 26 avril - ven 31 mai
Fribourg

Queer Studies Week

lun 13 mai - ven 17 mai
Montreux
#places à gagner

Henry Moodie + Lauren Spencer Smith

ven 5 juillet, 20:30

Contrepoint en trois mesures

Ces tout petits bouquins présentés sur tourniquet ou face à l’escalator sont les aires d’autoroutes de la littérature. Ils s’attachent à des petits riens cocasses. Trois nouveautés à moins d’une thune.

Le cochon
1789, la mise à mort de l’Ancien Régime fait souffler un vent lascif sur la France qui se décorsète et supplante l’Italie de l’Arétin dans l’art d’aimer. Les maisons d’édition sortent au grand jour des ouvrages érotiques auparavant imprimés en secret. Ces manuels pratiques tendent à bousculer les grammaires du corps et se signalent comme des guides à l’attention des putains. Début XIXe, le vent tourne, la morale pourchasse les œuvres trop libres qui retombent dans la clandestinité. Les livres sont imprimés en Belgique ou à Neuchâtel. La brochure anonyme Art de foutre en quarante manières fait son apparition en 1833. «L’originalité de la brochure est de rendre chaque situation selon trois régimes, parlé, chanté et dessiné.» On lit la marche à suivre, à la manière de Chérubin on substitue les paroles d’un chant connu par celles fournies puis on tente de reproduire les positions de gymnastes des gravures au style encyclopédique. Tout est jeu de mots gourmands et glissements de(s) sens dans cet Art de foutre qui peint la «cheville ouvrière de la fouterie»: le fantasme.

Le pataquès
Dans la même collection et sur le même tourniquet, on dégotte le texte intégral d’On purge bébé!, une des plus désopilantes pièces de Feydeau. Ce dernier, idiotement cantonné dans le rôle du dramaturge «claqueur de portes» que lui assigne chaque 31 décembre le théâtre de boulevards télévisé, touche les sommets de la caricature de la médiocrité bourgeoise et transperce ses travers mesquins. Inculture, corruption et suffisance sur fond de symbolique fécale. Monsieur Follavoine est fabricant de porcelaine. Il attend monsieur Chouilloux, représentant très important du ministère de la Défense nationale française, susceptible de faire une importante commande de pots de chambre pour l’armée. Sa femme Julie, son seau de toilette à la main, est encore en robe de chambre et leur «bébé» de 7 ans doit subir une purge qu’il refuse. Le rôle de Toto, égoïste et menteur comme ses parents, semble nous dire que rien ne pousse sur le fumier. Rien sauf le burlesque.

Le jupon maternel
Les écrivains sont aussi à leur manière de gros bébés. Et certains des plus prodigues ont poussé l’amour filial jusqu’à correspondre avec leur maman. Des pages d’écriture sublimes collectées ailleurs qu’à la fin d’une luxueuse Pléiade. On ne s’étonnera pas de remarquer dans la brochette les lettres bouleversantes de Proust, celles affectées de Cocteau. Curieusement, bon nombre sont écrites en Suisse, Gide (élevé lui aussi par une mère seule) à la Brévine ou à Lausanne, Hemingway à Gstaad. Certaines sont illustrées au stylo par l’auteur. La midinette qui vit en nous déguste ces bribes d’intimité de «stars». Mais ces lettres d’amour sont surtout un éclairage précieux pour comprendre le contexte et peut-être l’origine d’une œuvre littéraire. Elles valent autant pour l’anecdote qu’intrinsèquement.

Art de foutre en quarante manières, Mille et une nuits

On purge bébé!, Georges Feydeau, Mille et une nuits

«Ma chère Maman… »
De Baudelaire à Saint-Exupéry, des lettres d’écrivains, Folio