Déflagration queer à La Chaux-de-Fonds

Nouveau rendez-vous queer et féministe, Bang! Bang! va résonner dans les Montagnes neuchâteloises, du 15 au 25 mai. Spectacles, conférences et fêtes alliant institutions culturelles et milieux associatifs figurent au programme de la première édition.

«Saper le moral du patriarcat.» C’est l’objectif clamé haut et fort par le festival Bang! Bang!, premier du nom, qui animera la ville de La Chaux-de-Fonds dès la mi-mai. Fruit d’une collaboration entre le Théâtre populaire romand (TPR), le Centre de Culture ABC, le Club 44 et le collectif féministe Au Bûcher, l’événement comportera une quinzaine de spectacles, films, conférences et autres moments culturels et festifs dans différents lieux de la ville. L’objectif, outre remettre en question le rôle du patriarcat, est d’aborder les questions de genre, d’orientation sexuelle, de transidentité, de coming-out ou encore de masculinité toxique, mais aussi de rassembler différentes communautés, leur permettre d’échanger autour de ces questions.

L’initiative vient du TPR, qui souhaitait, avec le centre de culture ABC, programmer un temps fort autour du thème du patriarcat. Un sujet audacieux, et peut-être un pari risqué? «Programmer du théâtre, c’est toujours politique. C’est déjà le cas dans notre programmation habituelle. Là, on voulait mettre en lumière ce qu’on appelle les visibilités rebelles lors d’un temps fort. Et c’est aussi une des missions de notre institution: mélanger les communautés et casser les clichés», assure Jehanne Carnal, collaboratrice artistique au TPR. «On a eu l’idée d’intégrer des associations au projet, pour montrer que les grandes institutions sont aussi des lieux de rencontre, d’ouverture et d’inclusivité. On voulait mélanger les publics», ajoute-t-elle.

Guinguette queer et table ronde

En plus d’un partenariat avec l’Office de la politique familiale et de l’égalité de Neuchâtel, plusieurs organismes féministes et queer du canton ont ainsi été contactés. Le collectif Au Bûcher, qui défend un féminisme queer et inclusif et lutte pour «détruire le patriarcat à la racine», d’après ses propres mots, s’est particulièrement impliqué. «On s’est senti·e·x·s honoré·e·x·s d’avoir été contacté·e·x·s alors qu’on est un jeune collectif. C’est chouette de s’investir dans le milieu culturel, de toucher un autre public», réagit Lisa Thurnherr, membre d’Au Bûcher. Le collectif a donc amené ses idées et proposé une programmation en parallèle des événements déjà mis sur pied par le TPR.

Les militant·e·x·s organisent notamment une après-midi de lectures proposée par des personnes vêtues et maquillées en drag (mercredi 22 mai) ainsi qu’une ginguette queer (dimanche 19 mai). Des animations qui s’inscrivent bien dans les objectifs du collectif, qui fait en sorte d’offrir des espaces safe, en mixité choisie, explique Lisa Thurnherr.

L’un des temps forts du festival a par ailleurs été organisé conjointement par le TPR et Au Bûcher. Il s’agira d’une table ronde à l’occasion de la Journée internationale contre les LGBTIQphobies, le 17 mai. Elle verra intervenir Caroline Dayer, chercheuse et écrivaine spécialiste des questions de genre, et la conseillère d’État neuchâteloise Florence Nater.

Une autre conférence, cette fois sur la transidentité, mais surtout des spectacles et des projections de films, sont prévus dans le cadre du festival. Dernier temps fort du festival, sa soirée de clôture, le samedi 25 mai avec le spectacle Horizon Pluton, un concert du groupe Pisco Poppers (pop psychédélique) et une animation musicale festive. Une dernière soirée «pleine d’amour, de paillettes et d’adelphité» annoncent les organisateurices, qui espèrent bien voir venir la communauté queer romande à La Chaux-de-Fonds.