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mer 5 juin, 19:30

Petite philosophie

Chapitre 7: critique de la raison cynique.

Oui, les temps sont durs et la solitude pesante à l’homme moderne, plus pressé que jamais de revendiquer son individualité en même temps que sommé de se réaliser selon les sacro-saints canons du couple bourgeois, plus désemparé que jamais à l’idée de renoncer à sa play-station pour envisager la mort dans l’âme, sur un coin de table Ikea à la lueur d’un impossible halogène, un plan-épargne destiné à cimenter sinon son couple du moins le leasing du break Volvo et de la Sam Suffit en cours de construction PVC dans un coin de verdure coincé entre les embouteillages de l’A1 et la zone industrielle de Gland… Oui, l’acrobatie est périlleuse, et nous vous l’avouons d’emblée, carrément impossible à articuler, raison pour laquelle aujourd’hui on ne divorce même plus, puisque l’on est simplement incapable et inapte à s’engager… Mais la solitude des champs de crétins est pesante à l’homme moderne…
Aussi n’avez-vous rien trouvé de mieux, hein, petite fripouille malicieuse que vous êtes, que de vous payer non pas une bonne psychothérapie régressive, voire un break sabbatique d’initiation au soufisme, non, vous avez opté pour la simplicité, vous faites dans le jovial comme on dit, vous vous êtes payé un chien.
A ce stade de la lecture de notre mensuel rendez-vous, la solitude fait place à la désolation. Il en va des destins humains comme des steppes arides: rien n’y pousse ni ne s’y développe, à moins de velléités kiboutziennes, dûment charpentées par l’étude du Talmud et un peu d’huile de coude pour bricoler l’aqueduc histoire d’alimenter la plaine aride en question si on veut pouvoir bouffer autre chose que du sable l’année suivante. Mais, que voulez-vous, les aveugles et les benêts aiment à gober du sable du moment qu’on le leur vend au prix de la semoule et qu’on leur donne l’autorisation de pédaler dedans…
Or, vous voilà l’heureux propriétaire d’un chien, complice reniflant de votre cœur aux abois, confident frétillant de vos déboires affectifs, aussi vaseux qu’une alka-selzer s’époumonant au fond d’une écuelle mal léchée.
Alors, écoute-nous bien: tu t’es payé un mongol à poils avec ton treizième, c’est ton Noël, t’aimes bien faire mumuse avec le gros bâton et la babave à pépère, c’est toujours mieux que de casser du requérant tamoul dans une banlieue argovienne, mais que les choses soient très claires; c’est pas parce que ton nouvel ami aime à se renifler le cul qu’on a envie de marcher dans ton bonheur.
Alors, quand tu sors, tu prends un petit sac dans ta besace et au moment où ta copine plisse les yeux et contracte l’arrière-train tu enfiles le petit sac comme une chaussette et tu débarrasses fissa le bac à sable de vos fumantes et fumeuses traînées d’esprit.
Pareillement, il est déjà pénible de se coltiner les gniards des copains qui peinent à comprendre qu’il est des soirées réservées aux retrouvailles entre adultes et que les couches ne sont pas solubles dans l’alcantara du canapé, sans que les propriétaires de chiens ne s’y mettent eux aussi. Alors, le break à faire pleurer un boursier en fin d’études pour lequel tu t’es endetté jusqu’à ce que ton cynoque en laisse clamse d’une overdose de cholestérol, précisément, il est pas fait pour les chiens: tu y parques ton sous-moi affectif et tu viens tranquillement tout seul chez les amis qui te font la charité de t’inviter à dîner, en n’oubliant pas d’apporter des fleurs pour Madame.
Une fois à table, n’imagine même pas sortir des photos ou raconter, la larme à l’œil, le jour où il a fait son premier ouarf: ça n’intéresse personne! C’est vrai quoi, à la fin, on va quand même pas se laisser emmerder la vie par un teckel de l’intelligence qui finira la sienne comme son ersatz à quatre pattes, sur une aire d’autoroute dans la plupart des cas, dans un laboratoire de produits cosmétiques s’il a de l’ambition…

Le mois prochain: La dépression n’est pas une religion… Alors, arrête d’aller sonner chez les voisins et faire chier ton entourage.