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Une relation sérieuse

Les vendanges de l’amour, qui parfois ressemblent davantage aux vidanges de l’amertume, achevées avec le mois de septembre, les célibataires qui croyaient encore que l’été serait propice à changer de statut se retrouvent dégrisés le bec dans l’eau. De l’eau? De la bave plutôt, aussi substantielle qui celle qui coule le long de leur commissure quand ils envient le bonheur du couple d’en face, forcément idéalisé, comme un amateur de Pommard qui se retrouverait à l’eau.

«Je veux une relation sérieuse», geignent-ils en chœur. Cette tournure de phrase habituelle, et prononcée sans y penser, reflète-t-elle leur envie véritable? Sérieusement qui envierait une relation sérieuse comme la justice de Berne, sérieuse à la manière d’un manuel de grammaire? Même si l’hiver s’annonce froid, long et pénible, nul besoin de s’enterrer avec un notaire verdâtre ou une matonne, 100% sérieux, pour faire bonne figure au sein du «monde des couples». Que les célibataires tournent sept fois leur langue dans leur bouche avant de se plaindre, et ils iraient déjà mieux. Dans un autre registre d’expressions imagées avec lesquelles tous se gargarisent ces temps, nous trouvons le sublime «Dommage qu’on ne puisse lui photoshoper la gueule!» que la ou le célibataire balance à son entourage qui vient de lui présenter une «connaissance». Une ou un célibataire n’est pas une chose à la rue qu’il faut secourir, son sens critique l’incite à se débrouiller seul(e) dans sa quête amoureuse. C’est pourquoi la ou le célibataire aujourd’hui cherche l’amour comme on chercherait un emploi. Lors du premier rendez-vous, elle ou il emploie des phrases choc qui parfois font mouche, du genre «Moi, je gagne CHF 8’782.–, mais, tu vois, je suis romantique et j’ai beaucoup d’amour à donner.» et qui souvent font fuir la proie convoitée. Attitude irrationnelle dans une quête qui se veut rationnelle. Autour d’eux un monde s’agite, les expressions du langage liées au célibat qu’emploie l’entourage susmentionné sont charmantes: «Depuis combien d’années coiffe-t-elle Sainte Catherine?», «Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire.», «Il est seul aujourd’hui mais chez lui un clou chasse l’autre, c’est louche!», «Elle attrape toujours le bouquet mais reste toujours seule.» Le statut de célibataire est (à l’instar de celui d’enfant quand on est adulte) quelque chose qui s’oublie vite quand on est casé. Et parce que la ou le casé(e) vit un statut précaire, elle ou il n’a pas d’indulgence pour les célibataires. Mais que les célibataires ne perdent pas leur sérieux jusqu’à l’été prochain, où tout pourrait changer. En effet, qui se sent morveux se mouche.