Exploration du désir féminin en des temps troublés
Avec La Bella Estate, délicat récit d’apprentissage, Laura Luchetti propose un film à la fois sensuel, poétique et révélateur du contexte social d’une époque, l'Italie à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Turin 1938. Ginia (Yle Vianello), adolescente blonde de 16 ans, vient de quitter sa campagne et trouve du travail dans un atelier de couture. En quête d’aventure, elle est captivée par le monde des artistes dans les quartiers bohèmes de la capitale piémontaise, que lui fait découvrir la sulfureuse brune Amelia (Deva Cassel, la fille de Monica Bellucci et Vincent Cassel), rencontrée lors d’un joyeux pique-nique au bord d’un lac.
Bien qu’issues de milieux différents, les deux jeunes filles ne tardent pas à se rapprocher. Libre, provocante, un peu plus âgée et expérimentée, différente, Amelia sert de modèle aux peintres et introduit Ginia dans ce milieu libertin. Farouchement désireuse d’exister, d’être vue, la petite couturière croit tomber amoureuse d’un des artistes et vit sa première expérience sexuelle. Mais elle se rend rapidement compte que ce n’était pas son véritable désir. En réalité, elle est fascinée par Amelia, à qui elle veut ressembler et qui lui offre une autre perspective de la vie.
Patriarcat tout-puissant et du fascisme triomphant
Avec cette exploration délicate du désir féminin et de la perte de l’innocence, la réalisatrice Laura Luchetti livre un film à la fois sensuel, poétique et révélateur du contexte social à l’époque du patriarcat tout-puissant et du fascisme triomphant. La Bella Estate est adapté librement du roman éponyme de Cesare Pavese, paru en 1940, dont il n’a peut-être pas l’intensité.
La Bella Estate, de Laura Luchetti (Italie, 2023), 1h51. Dès aujourd’hui dans les salles romandes