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Suivez les guides!

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Les itinéraires historiques autour des thématiques homosexuelles et trans ont le vent en poupe dans les métropoles européennes. Explications.

Y aurait-il du changement dans l’air? Jusque-là pour certaine·s, les week-ends à Londres, Paris, Berlin ou Barcelone rimaient avec bars, soirées, saunas ou fiestas selon les goûts, reléguant musées et monuments au rang d’activités des siècles passés. Mais depuis quelques années, il semble que l’histoire reprenne le dessus et que la communauté LGBTQI s’intéresse à ses racines. C’est en tous cas le constat que font les guides touristiques des grands villes d’Europe, dont les tours affichent complet. Comme l’offre des circuits traditionnels n’aborde que très rarement les thématiques homosexuelles, les intéressé·e·s se sont donc organisée·s. Partout on retrouve à peu près le même schéma. Il s’agit au départ d’une poignée de passionné·e·s qui veut partager son intérêt pour l’histoire et sa connaissance de la ville sous l’angle des homosexualités et qui compose des parcours thématiques à l’instar de Paris Gay Village, une association créée en 2005.

Aujourd’hui, face à la demande d’un public croissant, Paris Gay Village propose un catalogue de plus d’une trentaine d’itinéraires. A Londres, Centred offre de la même manière des promenades historiques LGBT à Soho qui rassemblent toujours plus de monde. L’incontournable Finn Ballard, queer trans, fondateur des Private Berlin Tours, constate lui aussi un engouement plus important au fil des ans. La palme revient sans doute à Barcelone avec deux itinéraires: «La Barcelone transgressive» emmené par Leopold Estapé et «Lesbiennes et trans du Raval» sous la houlette de Carme Pollina et Thais Morales. Ils ont drainé lors de leur dernière édition 300 personnes pour le premier et une centaine pour le second.

«Références communes»
Qu’est-ce qui pousse tout à coup les homos, bis, lesbiennes et trans à se pencher sur leur passé? Selon la journaliste Carme Pollina, ils/elles ont besoin de «références communes» et se retrouver sur les traces de leur histoire, c’est «une façon de revivre, de comprendre cette longue marche vers l’égalité». La plupart des historien·nes qui ont travaillé sur les homosexualités expliquent comment la construction du récit historique a valeur politique et donne des points d’ancrage au mouvement LGBT. Cela permet aux individus de fonder leurs droits sur le récit d’une histoire collective. Selon Carme Pollina, «ces visites sont l’occasion de se l’approprier et d’écrire la suite», de quoi semer le trouble dans l’approche officielle hétérocentrée.

Et si ces tours guidés prennent souvent des allures de pride tant les participant·e·s sont nombreuxeuses, ils ne sont pas tous emprunts de militantisme. Pour Finn Ballard, «les gens veulent certes voir les lieux emblématiques du Berlin queer du Moyen-âge à aujourd’hui, avec un éclairage particulier sur la période de Weimar et les persécutions sous le Troisième Reich. Mais ils veulent aussi en savoir plus sur Marlene Dietrich, Christopher Isherwood ou Magnus Hirschfeld… Ils veulent mieux connaître la scène lesbienne ou les opérations proposées alors aux personnes trans* ou encore découvrir les plus vieux bars gays du monde…».

Flair commercial
Les touristes homos, bis, lesbiennes et trans aspirent à voyager en fonction de leurs centres d’intérêt au même titre que tout le monde et à être accompagnés selon une sensibilité qui leur correspond. Face au succès, les associations peinent parfois à répondre à la demande. Du coup, certain·e·s comme Thegaylocals à Paris ou Rainbow Barcelona Tours qui ont flairé le bon filon s’engouffrent dans la brèche en montant leur petite entreprise autour de ces tours historiques LGBT, avec un éventail de services un peu plus large que la visite guidée stricto sensu. Leur idée en général c’est de transformer le séjour touristique en expérience exclusive inoubliable. Partant du principe qu’étant eux-mêmes LGBT ou Q, ces nouveaux guides sont plus à même de comprendre les envies des touristes LGBT ou Q. Le pink business a décidément de beaux jours devant lui…