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Vieillir ensemble

L’image de la vieillesse au sein de la société souffre de stéréotypes et s’accompagne de réalités sociales comme l’isolement. La communauté LGBT n’y échappe de loin pas.

«Les personnes âgées et homosexuelles peuvent parfois souffrir d’une double stigmatisation», remarque Anne-Claude Juillerat Van der Linden, présidente de l’association Viva, active auprès du troisième âge. Dans notre société où la vieillesse est parfois synonyme d’isolement, de sentiments de perte d’utilité ou encore de troubles cognitifs, la communauté LGBT peut, en effet, percevoir ce passage à cette nouvelle étape comme une marginalisation supplémentaire. D’un autre côté, «le long passé de militantisme de certaines personnes, peut être un bon pronostic de vieillissement», s’enthousiasme Anne-Claude Juillerat Van der Linden. Il est vrai que le fort engagement de la communauté LGBT peut être la source d’une plus grande solidarité. A Genève, le groupe Tamalou de l’association 360, en est un exemple. En septembre de cette année, il vient d’intégrer la Plateforme des associations des aînés de Genève, agrandissant ainsi sa visibilité.

Vie associative
«Il s’agit d’un groupe de convivialité pour les LGBT âgés, précise Philippe Scandolera, membre de l’association 360 degrés. Il existe depuis plus de 12 ans et compte aujourd’hui une trentaine de personnes qui se retrouvent régulièrement pour des sorties. Par exemple, tous les mardis des apéros en ville sont organisés». La moyenne d’âge est d’environ 68 ans. Certains sont plus jeunes. D’autres plus vieux. Ils ont tous en commun de vouloir garder un lien social avec des hommes et des femmes ayant le même vécu.

L’association 360 voudrait d’ailleurs aller encore plus loin dans sa cohésion. «Nous sommes en train de travailler sur une future plateforme à destination des personnes âgées, détaille Philippe Scandolera. Son rôle serait d’offrir des échanges de services». Un site qui s’accompagnera d’un questionnaire et d’une série d’interviews visant à comprendre les besoins propres aux LGBT. Interrogée sur la question, Marie-Claire Roulin, 72 ans, militante et ancienne propriétaire du célèbre café La Bretelle à Genève, apporte quelques pistes de réflexions.

EMS Spécialisé?
«Admettons qu’on me mette dans un EMS qui serait essentiellement composée d’hétéros, je ne suis pas certaine que les gens de mon âge accepteraient aisément mon homosexualité, analyse Marie-Claire Roulin. Même si l’on s’assume totalement, on continue d’être quelque chose d’à part. En ce sens, je peux comprendre que certaines personnes aient besoin de se retrouver entre elles. Un aspect auquel Janine Berberat, présidente de la Plateforme des associations des aînées de Genève est sensible. «A l’époque où j’étais députée, une demande de lieu spécifique pour les personnes LGBT âgées avait été faite. Elle a été refusée mais c’est quelque chose que je comprends tout à fait. Il existe bien des EMS pour la communauté israélite comme celle des Marronniers à Genève, alors pourquoi pas un espace destiné aux homosexuels». Marie-Claire Roulin pointe néanmoins du doigt une logique communautaire qui ne lui correspond pas.

«Imaginer des lieux exclusivement pour les homos serait de nouveau une sorte de ségrégation.» Marie-Claire Roulin

«Je me suis battue toute ma vie afin que tout le monde vive ensemble et j’y suis arrivée à la Bretelle. Imaginer des lieux exclusivement pour les homos serait de nouveau une sorte de ségrégation. Mettre des gens d’un côté ou de l’autre parce qu’on aurait moins à partager avec certains, ce n’est pas vision.» Hétérosexuels ou homosexuels, il est vrai que les personnes âgées ont toutes en commun les mêmes préoccupations et problématiques liées à la vieillesse. Parmi elles, l’image et la place que la société leur donne.

Tous égo
«Nous sommes victimes des stéréotypes du vieillissement, développe Anne-Claude Juillerat Van der Linden. Quand on vit au sein d’une société qui nous pense vieux, on se comporte comme des personnes âgées. Et aujourd’hui on nous fait comprendre qu’on est vieux de plus en plus jeune. A 45 ans, on est déjà dans la catégorie «senior» au travail». Une stigmatisation qui entraîne aussi une forme de marginalisation. «L’isolation est un danger qui touche tout le monde, alerte Janine Berberat. La perte de mobilité et d’envie peut devenir fatale».

Pour lutter contre cela, les alternatives proposées aujourd’hui ne sont pas toujours suffisantes. «Les EMS ou les soins à domicile ne sont pas valorisants, explique la présidente de l’association Viva. On vous assiste, on vous fait votre lit, on vous fait à manger et finalement on ne vous laisse plus l’opportunité de vous sentir utile alors que ce qui donne du sens à la vie, c’est la possibilité d’avoir le choix. Parallèlement à cela, il y a de moins en moins de lieux associatifs et communautaires, si bien que le risque de décliner est plus grand». Comme espace de solidarité, la communauté LGBT, s’avère donc être une réponse nécessaire à l’isolement des personnes âgées et un lieu d’action privilégié puisque le militantisme fait partie intégrante de son ADN.

» A lire également aujourd’hui dans la presse:

À quel âge est-on vieux?

«La gériatrie avait pris 65 ans comme l’âge de la «vieillesse» avance le Professeur Gabriel Gold, chef du service de gériatrie des Hôpitaux universitaires de Genève. Un marqueur qui correspond au moment de la retraite. Dans les faits, la moyenne de mon service est de 85 ans. il faut noter néanmoins que les gens ne vieillissent pas tous à la même vitesse. Dans la tête, certains se sentent jeunes toujours et d’autres très tôt. Sur le plan médical on peut, par exemple, avoir un cœur plus vieux que les reins. C’est toujours différent d’une personne à l’autre comme d’une partie du corps à l’autre. Si l’on pense à la question de la vieillesse dans son approche sociale, la discrimination par l’âge commence très jeune dans le monde du travail.

Enfin, dans le domaine de la sexualité, le vieillissement expose à plusieurs pathologies et changements. Chez les femmes, on va rencontrer des problèmes de sécheresse vaginale et chez les hommes, des difficultés à avoir une érection complète. Ces obstacles peuvent être liés à des maladies ou aux médicaments que l’on donne. C’est pourquoi, il est important d’être attentif aux demandes du patient. Quant à la question de l’homosexualité, il est vrai qu’il y a souvent une sorte de présupposition d’hétérosexualité chez les médecins. il faudrait une plus grande proactivité de leur part afin de mieux répondre aux besoins spécifiques de chacun.