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Donatella Versace: Le radeau de la Méduse

Sa maison de couture prend l'eau: la créatrice Donatella Versace décide de lui donner un coup de jeune en bradant ses prix pour H&M.

Versace. A lui seul, le nom de la maison de couture italienne au logo représentant la tête de Méduse issue de la mythologie grecque, résonne comme une réminiscence d’une époque où les jeunes éphèbes exhibant leurs muscles saillants prenaient des poses lascives à l’ombre des palmiers de Miami Beach devant l’objectif de Herb Ritts. En fond sonore, l’hymne pop de la société de consommation outrancière des années 80, le hit «Material Girl» de Madonna, lorsqu’elle chantait encore avec la voix de Minnie Mouse sous hélium, ou alors un tube sexy de Prince ou une chanson langoureuse d’Elton John sur lequel se trémousserait la princesse Diana délestée de sa tiare de princesse de Galles, prête à entamer sa deuxième vie de princesse des cœurs. Autour d’elle, sirotant des cocktails exotiques et multicolores, les stars de l’époque : les super top models Linda Evangelista, Naomi Campbell, Claudia Schiffer et Cindy Crawford.

Des couleurs, des boutons dorés, des imprimés animaliers, les palmiers, le too much du style baroque italien passé à la moulinette du rêve américain: Gianni Versace était le visionnaire d’un style régi par le glamour bubble-gum qu’on allait rebaptiser le bling-bling plus tard. Près de 15 ans se sont écoulés depuis son assassinat survenu dans d’obscures circonstances le 15 juillet 1997, un beau matin d’été devant sa villa, justement à Miami Beach. Jusque dans sa mort, le couturier italien a mené grand train une existence à la hauteur de la grandeur et la décadence de son rêve d’enfant de Reggio de Calabre en Italie. Sa mémoire et son style sont perpétrés aujourd’hui par sa soeur Donatella, autant connue pour son addiction à la chirurgie esthétique que sa dépendance à la cocaïne et réputée une redoutable femme d’affaires.

Mais le cauchemar de Donatella a commencé là où le rêve de Gianni a pris un coup de vieux. Dans un monde où les crises économiques sont bientôt plus régulières que les saisons, la grandiloquence d’une mode toujours à la limite du mauvais goût, mais affichant en permanence l’arrogance du luxe sans âme, ne pouvait que prendre l’eau. Alors Donatella a décidé de donner un coup de jeune à son empire en collaborant avec H&M, le géant suédois du prêt-à-porter bon marché.

Des indignés et des bimbos
«La mode n’est pas une question d’argent, elle ne doit pas forcément coûter cher, mais simplement rendre heureux et rester accessible.» Face aux médias déplacés des quatre coins du monde à l’occasion du lancement de la collection à New York, Donatella adaptait ses mots à une actualité où les bimbos se partagent désormais la couverture avec les indignés pour vendre sa collection. Une collection comme un ultime hommage à son frère, qu’elle décrivait elle-même comme le «Greatest Hits de Versace». Les couleurs, les boutons dorés, les imprimés animaliers, les palmiers, le too much du style baroque italien passé à la moulinette du rêve américain, tout y est. Mais en 2011, on achète du Versace au prix d’H&M. Donatella saura-t-elle sauver le monde de son naufrage économique? Certainement pas. Mais elle est bien placée pour savoir le bonheur du shopping sans compter. Allez, juste une dernière fois!