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Un autre Valais

Tout au bout du Rhône scintille une coquette cité enneigée, où quelques homos vivent heureux et pas nécessairement cachés. Un jeune Zurichois exilé volontaire en ces terres réputées austères nous présente l’association LGBT locale. Nächster Halt: Brig.

Au milieu de trains à crémaillères et des skieurs pressés, nous rencontrons Jens, tout sourire, un des piliers d’Anners Oberwallis (en dialecte, «un autre Haut-Valais»). Ce volubile Zurichois de 22 ans décrit ce groupe gai et lesbien à sa propre image: jeune, intrépide et décomplexée. Il y a un an, à l’initiative de trois jeunes du coin, sa première réunion vit débarquer une vingtaine d’enthousiastes, dont nombre de Haut-Valaisans revenus au pays spécialement pour l’occasion. Depuis, réunions et fêtes se sont succédées, fréquentées par un groupe mixte et plutôt jeune. A ce sujet, Jens avoue: «les gens plus âgés sont les bienvenus, mais on sait pas où ils sont!»
Certes, l’accès aux réunions, dans le carnotzet d’un restaurant de la place, se fait par une entrée dérobée: «On redoute toujours des bandes d’extrême droite, explique Jens. Il y a pas mal de problèmes ici, particulièrement pendant carnaval. Et puis, maintenant qu’on est dans les journaux, certains se disent que des gens vont passer pour voir qui vient.» C’est pourquoi l’association se résume encore à une liste d’e-mails: «Si on demandait des noms et des adresses, 80% des gens partiraient en courant.»

Un eldorado gai des neiges?
Malgré ces craintes, le nombre de projets gonfle un peu plus à chaque réunion. Au-delà des projets d’activités éducatives et culturelles, Jens rêve de Brigue en ville hôte de la Pride, voire en eldorado gai des neiges, qui résonnerait au son de «junglettes» périodiques, avant de concéder humblement: «C’est pas pour tout de suite, c’est clair.» De fait, les homos valaisans ont longtemps préféré partir vivre à Berne ou à Zurich. «Mais beaucoup reviennent, rectifie Jens. Je crois – mais c’est moi qui le dis – qu’il y a le mal du pays. C’est ce que j’entends. Et
aussi la fierté d’être d’ici.»
«Moi, j’ai l’avantage de ne pas avoir ma famille ici. Je ne connais que les gens que j’ai envie de connaître.» Pour Jens, être homo dans le Haut-Valais ne pose aucun dilemme. Ainsi, pour un entretien d’embauche dans une station de ski, il a joué cartes sur la table. «De toute façon, si ça avait posé des problèmes, je serais allé travailler ailleurs. Mais en général, les gens ne sont pas surpris, ils ont juste l’air de dire: mais oui, ça existe aussi dans le Haut-Valais!» Du coup, Jens atténue le portrait des Haut-Valaisans en conservateurs forcenés: «A cause du tourisme, il y a une volonté de préserver les traditions, un côté carte postale.» En revanche, coincé entre un cul-de-sac alpin, trois tunnels, et une Romandie modérément attractive, l’isolement du Haut-Valais est pesant: «Il n’y a pas le choix. Tu prends ta voiture, direction Berne, Lucerne, Lausanne. Mais l’hiver, c’est un peu dur quand les cols sont fermés… Je vis une vie sérieuse, ici», ajoute-t-il avant d’éclater de rire.

Anners Oberwallis
Postfach 18
3904 Naters