Un ancien garde suisse fait son coming-out
Dario Muzzin témoigne de ses deux ans de service comme hallebardier au Vatican, et de l'homosexualité aussi omniprésente que taboue au Saint-Siège.
Donner un signal contre l’hypocrisie et la schizophrénie du Vatican, c’est ce qu’a voulu faire Dario Muzzin, en témoignant dans Der Landbote et d’autres journaux du groupe Tamedia ce week-end. Ce jeune Schwytzois a passé deux ans dans la Garde suisse au Vatican, de 2014 à 2016 – un rêve pour ce jeune élevé dans une famille conservatrice. Parce que, comme beaucoup de catholiques, il s’est senti indigné par la récente prise de position de la Curie sur les unions homosexuelles, «incompatibles avec la bénédiction», il fait aujourd’hui son coming-out.
Homosexualität im Vatikan: Jetzt outet sich erstmals öffentlich ein schwuler Ex-Gardist. Er will damit «ein Zeichen gegen die Heuchelei und Schizophrenie im Vatikan» setzen. (Abo) https://t.co/critT5xyfN
— tagesanzeiger (@tagesanzeiger) April 3, 2021
En tant que jeune gay tout frais sorti de l’école de recrues, il s’était imposé le silence pendant son temps au service du pape. «Je savais où j’allais. Je n’étais pas naïf.» Introverti à l’époque, le hallebardier dit avoir gagné confiance en lui au sein de sa «deuxième famille». Mais pas question d’y aborder la question de l’homosexualité, de tenter les lieux gay de Rome ou de flirter avec d’autres membres de la Garde, «ç’aurait été beaucoup trop risqué». Toute incartade sexuelle aurait donné lieu à un renvoi sans préavis.
«Invitations et cadeaux»
Pourtant l’homosexualité était partout. «Dans ce petit monde du Vatican, on entend des choses. On remarque facilement que certains monseigneurs sont homos, même quand ils manifestent leur homophobie». Muzzin n’a pas subi d’avances, mais il évoque «invitations et cadeaux» des dignitaires aux «beaux mecs» et leurs promotions soudaines.
Il est conscient de briser un tabou qui pourrait lui valoir d’être exclu de l’association des anciens gardes suisses, un intéressant tremplin professionnel. Celui qui poursuit des études en économie d’entreprise tout en s’engageant au sein d’un collectif qui prépare une Pride en Suisse centrale ne voulait plus porter de masque et certainement «pas finir comme tous ces monseigneurs hypocrites».