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Le Valais en campagne

A lire le courrier des lecteurs du Nouvelliste, la campagne valaisanne sur la LPart serait en train de se durcir: l’UDC et les fondamentalistes font entendre leurs arguments au raz des pâquerettes. Quatre ans après la Pride de Sion, rien n’aurait-il donc changé? Pas si sûr…

Bénéficiant du soutien des radicaux et de la gauche cantonale, la Loi sur le partenariat enregistré (LPart) est combattue dans le Valais romand par les milieux ecclésiastiques et les démocrates-chrétiens, parti dominant. Mais pour Henry de Wolff, membre fondateur d’Alpagai, «depuis quelques jours, on se met à lire de plus en plus de trucs épouvantables dans le courriers des lecteurs du Nouvelliste». De fait, les plus extrémistes semblent décidés à occuper le terrain et prendre la parole, par médias interposés.

Dérapages
Ainsi vendredi 20, le Nouvelliste accueillait dans ses colonnes un proche du Renouveau Charismatique, Nicolas Buttet, qui niait purement et simplement le couple homosexuel, en prétendant que celui-ci serait basé sur l’infidélité, et à ce titre, «ne peut pas se constituer comme fondement du lien social». Le lendemain, ce n’était pas moins de trois courriers de lecteurs qui condamnaient l’homosexualité comme mode de vie: de l’UDC Jean-Luc Addor, pour qui «on a encore le droit de dire, en pays chrétien que [ce mode de vie] est contre nature», aux arguments natalistes de Jospeph Pellegrini, décrivant la LPart comme une atteinte à la famille, «fondement irrécusable et force évidente de toute société qui détermine sa survie et son avenir». L’Abbé Roduit de Saint-Maurice en remettait une couche dans la page religion du quotidien valaisan: «Le couple hétérosexuel est prévu par la nature sur les plans anatomiques, physiologiques et psychologiques.»
Des dérapages sont manifestes sur Internet, notamment sur le site des Jeunes UDC, qui agitent l’épouvantail du «lobby homosexuel» et se livrent à des amalgames nauséabonds entre homos et «autres ‘minorités sexuelles’ (zoophiles, pédophiles et autres)», selon eux susceptibles de «demander la reconnaissance et la normalisation de leurs mœurs au nom de la non-discrimination.» Et de conclure: «A quand un singe et son partenaire devant le maire?»

Un climat différent
Une situation qui n’est pas sans rappeler les préparatifs de la Pride de Sion, en 2001, lorsque les pages du Nouvelliste avaient servi de tribune à des attaques particulièrement violentes contre les homosexuels.
Pourtant le climat a profondément changé, pour Ariane Manfrino, compagne de route du mouvement homosexuel valaisan et journaliste au Nouvelliste. De l’intérieur, elle a constaté que le quotidien était devenu plus attentif à établir un équilibre entre les points de vue des pour et des contre, et à ne plus laisser passer certains messages de haine: «Le Nouvelliste essaie de jouer un jeu correct, mais c’est dur; il y a des pressions. A telle enseigne que le journal a été accusé par le PDC de faire le jeu des milieux homos.»
Reste que si les UDC et les cathos de droites se mobilisent fortement, les partisans de la nouvelle loi, emmenés par Barbara Lanthemann et des personnalités politiques de premier plan, comme le radical Léonard Bender, doivent redoubler d’efforts. Toutefois, dans les rues de Sion, de Monthey (voir 360° de mai) ou de Martigny, l’ambiance est toute autre: lors de la tenue de stands par le comité pour le oui, l’accueil est positif et poli, les discussions constructives, et les invectives rarissimes. C’est de bonne augure pour le 5 juin.

Alpagai repart de plus belle
Du côté associatif, l’avenir d’Alpagai semble assuré. L’assemblée générale du groupe gai et lesbien valaisan a élu un nouveau comité le 13 mai dernier. Celui-ci est plus féminin et plus jeune: trois femmes y seront épaulées par trois jeunes hommes, tous ayant relativement peu d’expérience associative. Pour Henry, «le plus important est que la mobilisation des membres pour sauver l’association se soit produite.» Quant à Ariane, elle s’émerveille de voir débarquer «ces jeunes qui ont envie d’être visibles et de reprendre le flambeau.» Preuve qu’il y quelques bonnes raisons d’être optimistes pour le Valais, quelle que soit l’issue du scrutin dans le canton.
A ce sujet, une divine surprise est venue des démocrates-chrétiens du Haut-Valais germanophone, qui – à la grande stupeur de la plupart de leurs collègues romands – se sont prononcés pour la LPart…