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Turquie: du porno maison pour échapper à l'armée

Les conscrits homosexuels seraient amenés à produire des photos intimes pour prouver leur «inaptitude» à servir, selon un article du «Spiegel». Les militaires démentent.

Au moment où les Etats-Unis débattent de savoir si les militaires lesbiennes ou gay sont autorisés à faire leur coming-out, leurs partenaires turcs au sein de l’Otan semblent encore bien loin de ces considérations. Les forces armées d’Ankara continuent d’exclure les homosexuels du service militaire – qui peut durer jusqu’à 18 mois. C’est même l’un des seuls motifs d’exemption dans ce pays. Encore faut-il que les futures recrues le prouvent. Une affaire pour le moins délicate.

«Bon pour l’asile»
Un article de l’hebdomadaire allemand «Der Spiegel» à ce sujet a fait grand bruit, récemment en Turquie. Il raconte les humiliations auxquelles s’exposent les gays pour échapper à la conscription. L’un d’eux, désigné par le pseudonyme «Adnan», relate qu’il s’était travesti pour se faire réformer, il y a trois ans. «Tu es bon pour l’asile, espèce de pédale!», s’est-il entendu dire, avant d’être envoyé deux semaines dans un hôpital psychiatrique militaire.

Là, des médecins se sont appliqués à tirer au clair son orientation sexuelle, notamment en lui faisant subir une inspection du rectum – «négative». On a alors demandé à Adnan de fournir des preuves photographiques qu’il avait des rapports sexuels avec des hommes. C’est seulement après avoir produit les fameux clichés qu’il a enfin été réformé. Ses papiers militaires le désignent désormais comme «dérangé sexuellement».

Débusquer les «simulateurs»
Cette pratique, déjà dénoncée par des rapports de l’Union européenne et l’organisation LGBT stambouliote Lambda, est confirmée par un psychiatre turc, lui-même gay, interrogé par le «Spiegel». Il explique que les médecins font l’objet d’une pression toujours plus forte de la part des autorités militaires pour démasquer les «simulateurs». Des cas d’hommes réformés pour homosexualité qui se sont mariés peu après auraient déjà entraîné des sanctions.

Cette preuve par l’image est «trompeuse», ajoute une avocate qui s’est spécialisée dans la défense d’objecteurs de conscience: «A Ankara, il existe même des prostitués qui fournissent ce type de prestation à des hétéros.» En attendant, ironise-t-elle, «l’Etat-major a fini par posséder la plus grande collection de porno gay du pays.»

Armée indignée
L’article de l’hebdomadaire allemand n’est pas passé inaperçu en Turquie. «Si une personne apporte des photos ou une vidéo, elles ne sont pas prises en considération», a martelé un porte-parole de l’armée. La Grande muette s’est également indigné du titre du reportage, «Du porno gay pour le général»: elle a déposé une plainte auprès du Conseil de la presse allemand.