Personnel médical autorisé à discriminer en toute impunité
Nouvelle attaque contre les droits des minorités, et en particulier des LGBTQ+, aux États-Unis: l'Arkansas a adopté une loi qui encourage l'objection de conscience dans le domaine de la santé.
Donald Trump n’est plus à la Maison-Blanche, mais des lois violemment discriminatoires continuent d’être adoptées aux États-Unis. Ainsi le gouverneur républicain de l’Arkansas, Asa Hutchinson, a signé vendredi un texte ironiquement intitulé «Déontologie médicale et diversité». Il prévoit qu’un·e soignant·e puisse refuser de s’occuper de certain·e·s patient·e·s en vertu de ses propres convictions «religieuses, morales ou éthiques».
Dès lors, on peut imaginer un pédiatre invoquer une «clause de conscience» pour impunément mettre à la porte de son cabinet une famille arc-en-ciel, un endocrinologue refuser de traiter les personnes en transition, voire une pharmacienne priver de médicaments un client dont elle désapprouverait le «style de vie». La loi pourrait aussi s’appliquer aux entreprises fournissant des services de santé à leurs employé·e·s.
Protections lacunaires
Le gouverneur Hutchinson a minimisé le caractère discriminatoire de la loi, expliquant qu’elle ne s’appliquerait en aucun cas aux soins d’urgence. Pas si sûr, estime LGBTQ Nation: la protection fédérale contre les discriminations en matière d’identité de genre et d’orientation sexuelle est très lacunaire et pourrait être remise en cause à tout moment par la Cour suprême, dominée par les conservateurs. Ce que les Républicains de l’Arkansas savent sans doute très bien.
L’incertitude actuelle au niveau des protections contre les discriminations a récemment permis à trois États, dont l’Arkansas, d’exclure les filles et les femmes trans des compétitions de sport féminin. En février, l’État a par ailleurs adopté une loi interdisant presque complètement l’avortement.
«Honte» pour l’Arkansas
La loi «Déontologie médicale et diversité» a fait bondir les Démocrates, qui l’ont qualifiée de «honte» pour l’Arkansas. La section locale de l’ACLU, une des principales organisation de défense des libertés civiles, a appelé à une extrême vigilance. «Édulcorez ça tant que vous voudrez, ce projet de loi est une nouvelle tentative éhontée de faciliter la discrimination contre les gens et de refuser aux habitants de l’Arkansas les services de santé dont ils ont besoin», a réagi Holly Dickson, sa directrice exécutive, dans un communiqué.