Cameroun: 9 homos présumés en procès
La chasse aux sorcières continue, notamment dans les écoles du pays, après l’affaire des «listes d’homosexuels» fantaisistes publiées dans la presse.
Le 17 mars s’est ouvert à Yaoundé le procès de neuf hommes, dont un mineur de 17 ans, accusés d’homosexualité; un délit, selon l’article 347a code pénal camerounais, punissable de cinq années d’emprisonnement. Ils faisaient partie d’un groupe de 11 personnes appréhendées au cours d’une rafle dans un bar de Yaoundé – le tout sur simple dénonciation. Diverses organisations de défense des droits de l’homme, dont OUTFront (groupe LGBT d’Amnesty International Etats-Unis) ont réclamé leur libération immédiate.
Incarcérés depuis près de 10 mois, ils subissent les conditions de détention déplorables qui règnent dans la prison de Yaoundé, et pourraient être exposés à des examens médicaux abusifs, cruels et dégradants, selon les organisation de défense des droits de l’homme. Dans une interview à Têtu, l’avocate des neuf hommes, Me Alice Nkom, s’est indignée de l’absence de preuves dans le dossier et du rejet répété des demandes de liberté provisoire présentées par les prévenus. En outre, elle s’est étonnée que ses clients ne soient pas traités comme l’ont été les personnalités dénoncées comme homosexuelles dans plusieurs titres de la presse camerounaise au mois de janvier. En effet, ceux-ci n’ont pas été inquiétés par la justice. En revanche, l’un des éditeurs a été condamné à quatre mois de prison pour diffamation. A cette occasion, les pratiques douteuses des journaux à scandale ont été dénoncées publiquement par le président Paul Biya.
Par ailleurs, les organisations de défense des droits des personnes LGBT signalent qu’à Douala, capitale économique du Cameroun, au moins trente élèves et étudiants accusés d’actes homosexuels – principalement des jeunes femmes – auraient été expulsés de leur école au cours des dernières semaines.
A lire, sur les croyances en un «complot homosexuel» dans les sphères du pouvoir camerounais et son exploitation dans la presse à scandale, l’intéressant article d’Afrique Echos: «Cameroun: Les dérives d’une presse racoleuse»
www.afriquechos.ch/article.php3?id_article=1136